La conquête de l’ouest des artistes vietnamiens

On peine parfois à différencier les peintres entre eux. Et pour cause, ils ont volontairement utilisé un style commun dans le but d’intéresser un public occidental. C’est en 1931, lors de l’Exposition coloniale de Paris surnommée « la plus grande France » pour promouvoir l’empire colonial, que le public français découvre le travail de ces trois artistes issus des Beaux-Arts de Hanoï. Quelques années plus tard, devant compter sur leurs seuls revenus artistiques, ils redoublent d’inventivité et développent une façon de peindre sur la soie en encollant ensuite l’étoffe sur un support rigide. Un processus qui semble ancestral aux yeux des Occidentaux mais qui date tout au plus de 1926 ! Le parcours de l’exposition souligne l’évolution artistique des trois artistes depuis leurs études jusqu’à la fin de leur vie. Le visiteur contemple les paysages vietnamiens, les portraits de Vietnamiennes en habits traditionnels, une vision de l’Asie fantasmée. Les portraits prennent parfois les traits de femmes occidentales, à l’image du Portrait de Mme N. D. et de sa fille (1941) peint par Mai-Thu. Même s’ils ne dérogent pas à leur style, ils s’inspirent des courants et des artistes qu’ils côtoient, Vu Cao Dam avec Cavalier et maternité s’inspire de Marc Chagall ; Lê Phô s’imprègne de la Renaissance italienne dans Jeune Femme à l’ouvrage. Une exposition séduisante sous forme de voyage aller-retour.