Après le succès de sa première exposition, la Maison rouge s’engage dans son ambitieux programme de présentation de collections internationales d’art contemporain. La primeur est ici donnée à l’impétueux allemand Harald Falckenberg, amateur révélé sur le tard à l’art contemporain mais devenu depuis frénétique. En dix ans, ce notable hambourgeois, juriste et pétrolier de son état, a ainsi accumulé quelque trois mille œuvres des années 1960 à nos jours, d’ordinaire logées dans un grand hangar des docks de la ville. Au vu des deux cents pièces réunies à Paris, Falckenberg ne dissimule pas son goût très prononcé pour les artistes subversifs de la scène allemande et américaine : « Il existe une ligne de séparation claire entre l’art sublime et l’art quotidien, explique l’intéressé. Le collectionneur doit choisir : pour ma part j’ai opté pour le quotidien. Ma collection est en majeure partie constituée d’œuvres figuratives, qui montrent la réalité, celle d’artistes qui se moquent de l’art sublime. » D’où le soutien affirmé à de jeunes artistes allemands tels que Martin Kippenberger ou Jonathan Meese. Selon les vœux du prêteur, qui a décidé d’une partie de son accrochage, le parcours de l’exposition est conçu comme une flânerie, qui ne ménage pas quelques confrontations inhabituelles dans les musées, lieux honnis par le collectionneur pour leur rigidité. « Harald aime casser les habitudes, les choses trop belles », confesse Laurence Dreyfus, commissaire de l’exposition. Ainsi de ce zeppelin de béton de Sarah Lucas, accroché dans le patio, dont le reflet est comme foudroyé par les néons de Dan Flavin, un choix librement assumé par Falckenberg, qui souhaite que le visiteur puisse s’amuser de cette visite. Dans la grande salle carrée de la Maison rouge, des pièces importantes ont été regroupées de manière plus classique, telle la Chambre secrète de Balthys de Jonathan Meese, ou la chambre d’ambre de Thomas Hirschhorn. Enfin, dans les espaces bruts du sous-sol, une installation vidéo de Peter Welz et William Forsythe, montrant le chorégraphe répétant des mouvements, conclut efficacement cette présentation consacrée aux flux et reflux, qui tire son énergie de cette réunion d’œuvres au contenu souvent ironique et satirique.
« Central Station, exposition de la collection Harald Falckenberg », PARIS, Maison rouge, 10 bd de la Bastille, XIIe, tél. 01 40 01 08 81, jusqu’au 23 janvier.
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La collection subversive d’un amateur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°564 du 1 décembre 2004, avec le titre suivant : La collection subversive d’un amateur