La collection Hauser & Wirth

Un entretien avec le couple zurichois

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 26 septembre 1997 - 512 mots

La galerie Hauser & Wirth de Zurich, fondée en 1991, a une politique d’expositions régulières depuis 1994. Manuela Hauser, 34 ans, et Iwan Wirth, 27 ans, le jeune couple qui la dirige, font partie des plus grands collectionneurs suisses d’art contemporain. Ils ont ainsi prêté trois œuvres monumentales de Louise Bourgeois, Bruce Nauman et Jason Rhoades pour la dernière Biennale de Lyon.

Quelles sont les principales pièces de la collection ?
Nous ne donnerons que quelques exemples de cet ensemble réuni en huit ans : Cellule n° 2 d’Absalon, Autoportrait de Fabrice Hybert, Model for Tunnel de Bruce Nauman, Hundreds of drawings de Raymond Pettibon, Uno momento de Jason Rhoades, Erstes Passtück et Rest/Mao de Franz West.

Quels sont, selon vous, les artistes les plus prometteurs ?
Peter Fischli/David Weiss, Dan Graham, Paul McCarthy, Raymond Pettibon, Jason Rhoades, Pipilotti Rist, Diana Thater, Franz West,....

Avez-vous l’intention d’ouvrir un musée privé ?
Il ne doit pas y avoir de “Musée Hauser & Wirth”, mais il est prévu une collaboration avec un musée suisse existant. Il faudrait pour cela créer un espace autonome. Pour l’instant, nous sommes en négociation avec deux institutions.

Quelles sont les relations entre la galerie et la collection ?
La collection est composée exclusivement d’art contemporain et interfère peu dans le programme de la galerie, sauf, par exemple, avec Bruce Nauman, Louise Bourgeois, Sigmar Polke... Outre l’art contemporain, la galerie est également active dans les domaines des classiques modernes et des années soixante : Joseph Cornell, Francis Picabia, Max Ernst, Marcel Broodthaers, Gerhard Richter, Mary Heilmann...

Comment voyez-vous l’évolution du métier de galeriste ?
Nous ne serons pas seulement actifs en tant que médiateurs artistiques. Nous nous voyons aussi, de plus en plus, dans le rôle du producteur qui, selon les souhaits et les indications de l’artiste, finance et contrôle la production des œuvres. Aujourd’hui, il est plutôt rare que le créateur réalise l’œuvre de A à Z dans son atelier, puis l’apporte à la galerie pour l’exposition. Nous le constatons également parce que nous montrons peu de peinture, et surtout des œuvres réalisées à partir de la photographie et de la vidéo. La galerie ne met pas seulement à disposition l’infrastructure d’un lieu d’exposition, elle va devenir de plus en plus un centre de prestation de services pour les créateurs.

Quelle est la situation du marché de l’art dans votre pays ?
Le marché de l’art suisse existe sur différents plans. Les ventes aux enchères importantes d’art moderne ne sont pas organisées en Suisse, aujourd’hui. Le pays présente cependant des conditions idéales pour le commerce privé de l’art, grâce au port franc et à l’importation sans problème des œuvres. Quelques collectionneurs très intéressants pour l’art du vingtième siècle, de l’Impressionnisme à l’art contemporain, résident ici. En outre, nous disposons d’un réseau dense de lieux de diffusion : musées des beaux-arts, centres d’art, galeries, qui proposent un programme international de très haut niveau. La Suisse n’est en aucun cas provinciale.

Pourquoi la galerie Hauser & Wirth ne participe-t-elle pas à la Fiac ?
Jusqu’à présent, nous n’avons jamais pu nous décider à participer à une foire.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°44 du 26 septembre 1997, avec le titre suivant : La collection Hauser & Wirth

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