Si Donatello a créé à Padoue des œuvres aussi monumentales que le Monument équestre au Gattamelata, son séjour entre 1443 et 1454 a surtout encouragé le développement de l’art du petit bronze. Dans cette tradition essentielle de la sculpture à la Renaissance se sont illustrés des artistes comme Riccio ou Campagna, au centre de l’exposition que la Ville consacre à « Donatello et son temps ».
PADOUE (de notre correspondante) - En 1443, Donatello arrive à Padoue. Il est alors à l’apogée de son art où se mêlent une parfaite maîtrise de la perspective et une capacité expressive extraordinaire, dérivée d’un emploi savant des effets de lumière. Dans cette cité vénitienne, l’artiste réalise le Crucifix et les panneaux de l’autel de la basilique Saint-Antoine. Ce chantier va devenir une grande école de sculpture. Ainsi, le plus proche élève padouan de Donatello, Bartolomeo Bellano, fait preuve d’une parenté absolue de style dans Samson faisant s’écrouler le temple des Philistins, un panneau avec lequel il gagna en 1484 le concours pour dix reliefs en bronze à thème biblique, originairement situés dans le presbytère de la basilique. La référence au maître est tout aussi évidente dans la statue du David, provenant du Metropolitan Museum de New York.
À Padoue, l’enseignement de Donatello a par ailleurs une conséquence majeure : la naissance, ou la renaissance, sur des modèles hellénistiques et romains tardifs, d’un nouveau genre, celui des petits bronzes. Ce sont des sculptures de dimensions réduites ou bien des objets d’art, dans lesquels se conjuguent réalisme et élégance de la forme. Le maître de ces bronzetti, finis avec un minutieux soin d’orfèvre, est Andrea Briosco, dit Riccio (1470-1532), comme le démontrent L’Enfant à l’oie de Vienne, la Lampe en forme de navire d’Oxford ou encore de récurrents satyres. Outre les sujets qui retrouvent l’esprit de l’Antiquité, la production de Riccio se distingue aussi par la représentation de saints destinés à la dévotion privée, comme le Saint Sébastien du Louvre, le Saint Jérôme de Brescia et le Crucifix de Cleveland. Au XVIe siècle naissent et travaillent à Padoue de nombreux artistes, héritiers de la tradition de Donatello : parmi eux, Tiziano Aspetti, Agostino Zoppo et les Grandi, Vincenzo, l’oncle, et Gian Girolamo, le neveu. Peu à peu, à l’influence de Donatello s’ajoute celle de Sansovino puis celle de Bartolomeo Ammannati, qui s’exerce surtout sur le portrait – du buste aux effigies sur les monnaies. C’est le cas de Danese Cataneo et du Véronais Girolamo Campagna. Tout en poursuivant l’activité de Cataneo, après avoir hérité de ses dessins, il est confronté, avec ses contemporains, à un nouveau défi : la restauration d’œuvres de maîtres anciens leur est en effet confiée. En 1579, Campagna est chargé de rénover l’autel de Donatello dans la basilique Saint-Antoine. C’est la première d’une série d’interventions sur ce chef-d’œuvre, recomposé ensuite dans l’ordre actuel par Camillo Boito au XIXe siècle. À Venise, Tiziano Aspetti conduit une action analogue, à peu près dans les mêmes années, pour la collection de statues antiques, grecques et romaines du cardinal Giovanni Grimani – dont est issu l’actuel Musée archéologique. Dans la production d’Aspetti, la leçon des anciens est néanmoins interprétée avec une sensibilité déjà maniériste, attentive à la perfection formelle, notamment dans ces petits bronzes de saints d’environ un mètre, qui firent sa renommée à la fin du XVIe siècle. L’existence d’exemplaires en argent témoigne de la préciosité et du raffinement atteints par cet art.
- Donatello et son temps. Le petit bronze à Padoue aux XVe et XVIe siÈcles, jusqu’au 15 juillet, Palazzo della Ragione, Via 8-Febbraio, Padoue, tél. 39 049 820 5006, tlj 9h-19h.
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La capitale du bronze
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°126 du 27 avril 2001, avec le titre suivant : La capitale du bronze