La bonne couleur

Que font de la couleur les artistes d’aujourd’hui ? Prenant le prétexte du centenaire du fauvisme, notre collaborateur Philippe Piguet offre une réponse contemporaine et colorée à la ville de Sélestat pour sa 16e Biennale d’art. De la couleur en vidéo, en peinture, en trois dimensions, il a concocté une explosion rétinienne pour l’arpenteur des diverses expositions. La halle au blé est le bon exemple de la diversité des lectures offertes car elle accueille des vidéos de trois artistes aux approches bien tranchées. Stéphane Couturier fixe des façades d’immeubles rythmées par la couleur des balustrades, Stephen Dean se laisse happer par une foule indienne se réunissant pour la fête de la couleur et Sarkis s’émerveille en 25 films tournés à Saché sur le ballet de l’aquarelle avec l’eau. Des couleurs opposées mais complémentaires en quelque sorte. Après un détour par le hall de l’hôtel de ville agrémenté d’un arrangement floral cynique de Franck Scurti dont les feuilles sont en drapeaux des différents pays de la communauté européenne, direction le Frac Alsace. On y croise pêle-mêle Bertrand Lavier, Laurent Saksik, Gérard Deschamps et encore Jean-Pierre Raynaud. La couleur est partout chez elle, du lac de canotage aux vitrines, de la Poudrière au château du Haut-Koenigsbourg voisin. Ce bastion historique et touristique se retrouve assiégé par le cirque onirique peuplé de personnages de contes de fées imaginaires tout droit sortis de l’esprit fertile et halluciné de Fabien Verschaere. La princesse sera à coup sûr en rose mais sachez qu’elle a une… barbe. Une impertinence en guise de point d’exclamation pour ponctuer ce kaléidoscope de sensibilités.