Le Centre de Cultura Contemporània de Barcelone (CCCB) présente "Le Noucentisme, projet pour la modernité". La première exposition consacrée à un mouvement artistique, né à Barcelone en 1906, qui disparaîtra avec la guerre civile. Une expression originale du génie catalan, tiraillé entre tradition et modernité.
BARCELONE - Plus de six cents œuvres – dont beaucoup sont exposées pour la première fois – en provenance de 37 collections d’archives, 83 collections privées et 32 musées, soulignent l’ambition utopique des noucentistes, qui ont voulu transformer Barcelone en une grande capitale européenne, cosmopolite et moderne, capable de rayonner sur tout le territoire espagnol.
Les commissaires de l’exposition, Marti Pera, Alicia Suarez et Mercé Vidal, ont choisi des tableaux, des sculptures, des livres, des revues, des gravures, des bijoux, des fresques murales, des projets d’architecture et d’urbanisme. À l’origine de ce mouvement : "Le désir de se nourrir d’une modernité dynamique et cultivée, en harmonie avec le siècle nouveau, plus liée à l’évolution modérée qu’à la fracture des avant-gardes", explique Mercé Vidal.
L’esprit nationaliste catalan
L’exposition réunit des œuvres des principaux représentants du mouvement noucentiste, parmi lesquels Pau Gargallo, Enric Casanovas, Joaquim Sunyer, Joaquim Torres Garcia, Juli Gonzáles, Rubio i Taduri, Josep Goday, Tomas Aymat, Liorens Artigas et, naturellement les plus célèbres d’entre eux, Picasso, Dalí et Miró. L’accent est mis sur l’importance du Noucentisme dans la construction d’une culture moderne, déterminée par un idéal national et civique, combiné à une réinterprétation de la tradition classique et de l’art populaire.
Les deux parties de l’exposition, "Vers la ville idéale" et "Méditerranée et tradition", reflètent cet héritage. "La Construction de la capitale" illustre la volonté de créer une capitale à l’urbanisme ordonné, grâce aux plans de Leon Jaussely, et à la réforme urbaine de la zone de la rue Layetana, où se côtoient des constructions monumentales et un habitat modèle. "La beauté publique" regroupe la peinture murale, les monuments, les statues et les jardins, et traduit l’apport des artistes à la création de la ville idéale.
Le programme noucentiste considérait qu’il était prioritaire de doter la ville d’instruments essentiels pour engendrer une dynamique culturelle. Pour y arriver, des programmes d’éducation et de formation à tous les niveaux étaient définis et une place importante était réservée à la pédagogie artistique.
"La ville, centre des cultures" présente les œuvres les plus importantes et les différentes initiatives prises dans les domaines de la musique et du théâtre. "La Catalogne ville" exprime la volonté des noucentistes de donner une portée nationale à leur projet, conformément à l’esprit nationaliste qui régnait alors en Catalogne. La seconde partie de l’exposition aborde les influences de la tradition classique méditerranéenne et de la tradition populaire catalane.
L’interaction avec la ville
L’exposition est complétée par un programme d’itinéraires conseillés à travers Barcelone, qui "facilite l’interaction avec la ville et attire un public peu habitué à visiter les musées", selon Josep Ramoneda, directeur du centre. Le premier trajet, reflet de cette Barcelone du début du siècle, part de la Casa de la Caritat, siège du CCCB, se poursuit par l’école Mila i Fontanais, l’église du Carmel, la place Catalunya, la place Sant Anna, la Casa de l’Ardiaca (siège de l’Institut municipal d’histoire), la Casa dels Canonges (siège de l’École professionnelle de la femme), la place San Jaume avec les palais de la Generalitat et de l’Ayuntamiento, pour s’achever au Musée d’art moderne, en descendant la rue Layelana.
Un autre itinéraire part de l’avenue Maria Cristina, qui mène au Palau Nacional – construit pour l’Exposition universelle de 1929 et siège actuel du Museu Nacional d’Art de Catalunya – pour aboutir aux terrasses du jardin Miramar où se trouvent les célèbres sculptures Veremadora de Pau Gargallo et Fertilitat de Josep Clarà.
Centre de Cultura Contemporània, Barcelone, jusqu’à fin février 1995.
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La Babylone noucentiste
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : La Babylone noucentiste