Après avoir donné carte blanche à Paul McCarthy et Marcel Broodthaers, la Monnaie de Paris invite Jannis Kounellis, figure majeure de l’Arte Povera, à investir ses 1 000 m² de salles d’exposition.
L’artiste honore sa réputation d’artiste radical en meublant les luxueux salons XVIIIe de tas de charbon et de plaques d’acier brut. Plus que formel, ce contraste vient rappeler que l’institution est aussi la plus vieille manufacture de France en activité, où l’on frappe aujourd’hui encore les pièces de collection. Une charge historique que Kounellis intègre naturellement dans sa démarche, où la mémoire des lieux et des matériaux guide toujours la réflexion. Mais l’artiste puise aussi dans sa propre histoire, notamment lorsque ce fils de marin évoque le voyage par les fragments de coques de bateaux (Albatros) qui barrent les miroirs du grand salon. Plus loin, des cylindres de fer criblés de taillades comme autant de plaies ouvertes sont disposés sur des lits de camp, emmitouflés dans des couvertures militaires. Cet écho à l’actualité paraît loin d’être fortuit quand on se souvient que l’artiste grec, né en 1936, fut le témoin de deux guerres avant d’émigrer à Rome. Un propos renforcé par son tableau à la bougie (1969), sur lequel il écrit « Libertà o Morte » [la liberté ou la mort]. Malgré la présence de plusieurs œuvres historiques, l’artiste précise qu’il ne s’agit pas d’une rétrospective, mais d’une dramaturgie. Un tableau vivant qui se parcourt au rythme du violon interprétant en boucle une phrase de Stravinsky devant le tableau de Da Inventare sul Posto.
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Kounellis, la matière et la mémoire
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Abonnez-vous dès 1 €Monnaie de Paris, 11, quai de Conti, Paris-6e, www.monnaiedeparis.fr
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Vue de l'exposition de Jannis Kounellis à la Monnaie de Paris © MANOLIS BABOUSSIS
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°689 du 1 avril 2016, avec le titre suivant : Kounellis, la matière et la mémoire