Koen Wessing (1942 -2011) fait partie de cette génération de photographes des années 1960-1970, politiquement engagés, mobilisés sur le coup d’État au Chili et les luttes armées au Nicaragua et au Salvador.
Ses photos et ses livres sur le sujet ont marqué les esprits. Lors du coup d’État du général Pinochet, le photographe néerlandais a été l’un des rares à pouvoir pénétrer brièvement dans le stade où furent emprisonnés les opposants politiques avant d’être torturés, et tués pour nombre d’entre eux. Les scènes de militaires dans les rues de Santiago fouillant les rares passants, brûlant les livres et les files d’attente de Chiliens à la recherche de leurs proches sourdent la violence. Cinquante ans plus tard, le retour sur l’œuvre de Koen Wessing leur fait une belle place. On y découvre en particulier la vidéo qu’il conçut pour la rétrospective « Imágines Indelebles » organisée à Santiago par le Centro Gabriela Mistral, en 2011. Sa projection, temps fort de cette rétrospective, ne contrebalance toutefois pas la déception ressentie de bout en bout, moins par le peu de photographies exposées (Koen Wessing n’est pas un auteur prolixe) que par leur présentation (toutes selon le même grand format sur Plexiglass) et la teneur du propos, fort succinct. Aucun document ne vient éclairer ses premiers travaux à Amsterdam, ses influences ou son intérêt pour l’Afrique et ses différents séjours en Chine. Il faut aller dans la salle réservée au jeune public pour découvrir une projection de planches-contacts instructive sur sa démarche et feuilleter ses livres pour voir comment, par le recadrage de ses photos, Wessing rythme et densifie ses récits. Deux qualités qui font cruellement défaut à Tours.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°722 du 1 avril 2019, avec le titre suivant : Koen Wessing, politiquement engagé