Kelley-West, dialogue simultané

En septembre 99, l’enfant terrible de Los Angeles, Mike Kelley, rencontrait Franz West dans son atelier autrichien. De cette rencontre naissait un texte portant sur une éventuelle collaboration artistique. Aujourd’hui, cette discussion sert de fil conducteur à une exposition conçue comme un dialogue et une confrontation entre deux œuvres qui ne cessent de se répondre tant au niveau de la démarche que de leurs inscriptions dans l’histoire de l’art. Ainsi, même si une certaine proximité formelle peut être décelée, c’est surtout dans la dimension critique et politique que ces deux artistes se rejoignent. En effet, pour Kelley et West, toute production artistique contemporaine constate l’effacement de la modernité en tant qu’utopie. Bien évidemment, les références diffèrent chez chacun d’entre eux. L’art minimal et les formes d’expressions les plus triviales de la culture américaine forment un socle pour la réflexion de Kelley. West, lui, bénéficie de l’incroyable violence de l’actionnisme viennois qui avait, en son temps, voulu déconstruire les mythes fondateurs de la société autrichienne. De fait, cette exposition commune adopte plusieurs voies simultanées. La première, la plus évidente, est celle de la transcription de cette conversation initiale. La seconde, plus complexe, réside dans un accrochage savant où les pièces des deux artistes s’éclairent mutuellement. Constitué d’une trentaine de sculptures réalisées à partir de résidus de la culture populaire, Categorical imperative (1999) de Mike Kelley répond au Diwan (1996) de Franz West. Plus loin, collages (Morgue, Eventuell), installations (God, Racist Games, Sitzwust, Woodoo) s’intercalent dans un dialogue qui pointe avec ironie et rigueur les dysfonctionnements de notre société avec ses névroses, ses interdits aussi bien moraux que culturels, religieux et sexuels.