Pour le bicentenaire de la naissance de Marx, Trèves arbore partout le célèbre visage barbu et chevelu tiré de la photo de 1875, logo symbolique des manifestations proposées par la ville.
S’appuyant sur des archives peu exploitées jusqu’alors, des documents et des tableaux de son temps, les deux expositions sont à dessein complémentaires. La première, chronologique, retrace l’itinéraire à travers l’Europe de l’homme Marx, fils d’un avocat juif, père de famille confronté sa vie durant au manque d’argent, à la censure et à l’exil, toujours aidé par le fidèle Engels. La seconde, thématique, présente le penseur politique et le journaliste révolutionnaire, accusateur véhément du pouvoir de l’argent. Étudiant bon vivant à Bonn, philosophe à Berlin, disciple à Paris puis adversaire de Proudhon dont Courbet a exécuté deux portraits, touché par la pauvreté ouvrière à Manchester, Marx s’établit enfin à Londres où il rédige son monumental Capital, critique de l’économie politique. Sa femme, Jenny, retranscrira toutes ses notes, à peine lisibles. « Missile lancé à la tête de la bourgeoisie », selon ses mots, le premier tome paraît en 1867. Le regard porté par cette double présentation sur la vision marxiste de la société et la relation de l’individu au travail se veut aussi objectif que possible, invitant le visiteur à une interrogation critique sur l’influence historique de Marx et de ses idées, également reprises de façon plus récréative dans une petite exposition permanente, visible dans sa maison natale.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : Karl Marx, une histoire capitale