Julia Pirotte, au cœur de la Résistance

Il serait souhaitable de lui organiser une exposition », écrivait Alain Desvergnes, le directeur des Rencontres d’Arles, en 1979. Organisée un an plus tard, ladite exposition marque le début de la reconnaissance, en France, du travail de cette photographe née en 1907 dans une famille juive, en Pologne. Née Golda Perla Diament, et condamnée en 1925 à quatre ans de prison en Pologne pour son engagement dans la jeunesse communiste, Julia Pirotte ne dissocia jamais la photographie de son besoin de témoigner. L’exposition en accès libre que lui consacre le Mémorial de la Shoah revient sur son parcours de photographe entamé en Belgique en 1938, avant son exil à Marseille et son entrée dans la Résistance. La force de chaque portrait tient à un seul regard dont la gravité ne s’oublie pas. Ceux de sa sœur Mindla, résistante, décapitée à Breslau (Wrocław), sont particulièrement saisissants, comme ceux de ces enfants en guenilles à Marseille durant la guerre, ou celui de Picasso, le crâne rasé, lunettes sur le nez et visage grave au Congrès mondial des intellectuels pour la paix, à Wrocław en Pologne, en 1948. Les photographies qu’elle réalise des Juifs internés du camp de Bompard avant leur départ à Auschwitz, du maquis et du soulèvement de Marseille constituent des témoignages rares de la guerre et de son après. La poursuite de sa carrière en Pologne réserve d’autres images percutantes, telles celles réalisées après le pogrom de Kielce du 4 juillet 1946.