Josef Albers, la peinture au carré

Rassemblant ses fonds ayant trait au Bauhaus, le Centre Georges Pompidou présente un ensemble succinct de peintures, photographies et objets divers exécutés dans la célèbre école et abordés par le prisme de sa réception à Paris. La sélection promet toutefois quelques belles pièces, signées Breuer, Klee, Kandinsky ou Moholy-Nagy.
Pour compléter cette mise en bouche, l’exposition se prolonge par la réunion d’œuvres de Josef Albers (1886-1976) issues du fonds du musée et du legs Kandinsky. Pédagogue infatigable en charge du fameux cours préliminaire du Bauhaus, dont il fut d’abord élève, enseignant lors de son exil américain au Black Mountain College puis à Yale, l’auteur de L’Interaction des couleurs (1963)
a laissé une œuvre picturale non moins didactique, dont les séries les plus familières demeurent sans doute ses Hommages au carré, déclinés les vingt dernières années de sa vie. Explorant avec rigueur l’agencement des couleurs, les ambiguïtés spatiales et les effets de contraste, il compose à partir de formes neutres des systèmes d’organisation capables de créer un champ de force dynamique. La forme, dit-il, « n’est qu’un plat dans lequel je me sers ». Il s’agit bien plus pour Albers de chercher et poser des règles généralisables à l’activité créatrice. La mise en forme n’est finalement que le résultat d’un patient processus, d’une conception éprouvée, d’une inlassable observation des forces internes et comportements de la matière et des couleurs. Il obtient alors des surfaces modulées et instables exécutées avec précision, multipliant les solutions formelles autant que les possibilités du regard.