JonOne, hors les murs

JonOne s’efforce depuis près de trente ans de transposer sur toile l’énergie de la rue – façon de préserver une culture graffiti vouée à l’éphémère et dont ne subsistent le plus souvent que des traces photographiques. Si l’invitation faite au writer new-yorkais d’investir le Carré Sainte-Anne à Montpellier s’inscrit dans une stratégie métropolitaine plus globale de promotion des arts urbains, ce n’est pourtant pas de graffiti, mais bien plus largement de peinture, dont il est question dans « Above and Below » [au-dessus et en-dessous]. Sur ce point, le texte de présentation qui ouvre l’exposition est clair : les références du fondateur des 156, né à Harlem en 1963 et venu s’installer en France dans les années 1980, sont à chercher tout autant du côté de Matisse ou Miró que chez les pionniers américains du graffiti sur train. Toutes inédites, les quatorze toiles grand format présentées dans l’ancienne église suggèrent aussi l’influence sur son travail de l’abstraction américaine d’après-guerre. De son propre aveu, JonOne serait en effet un  « peintre graffiti expressionniste abstrait » – étiquette que confirment son penchant pour le all-over, sa gestuelle spontanée et son usage du pigment pur, de la couleur franche. Dans l’espace souvent saturé de la toile, ces emprunts s’amalgament aux éléments propres à la culture graffiti, au premier rang desquels la réitération du pseudonyme, qui structure et rythme certaines compositions. L’aisance avec laquelle il mobilise ces diverses références est l’une des forces de l’artiste et le place dans la lignée des rares peintres issus du writing à avoir su tracer un trait d’union entre haute et basse culture.