John Miller, artiste et critique

L'ŒIL

Le 1 juillet 1999 - 225 mots

L’apparent désordre dans la production de John Miller n’est qu’illusion. Une même logique unit ses œuvres. Néanmoins, deux axes principaux peuvent être repérés.
Le premier se concentre sur la standardisation des biens culturels au sein de la société américaine, avec notamment les séries de peintures sur les jeux télévisés. Organisées comme des installations prêtes à l’emploi, elles dénoncent la dissolution de la morale américaine au profit d’une idéologie marchande. Plus décalés, des tableaux figuratifs poursuivent la même logique critique tels Untitled (Angela Davis) qui reproduit l’un des symboles de la culture contestataire américaine : une des égéries du mouvement noir. Mais l’image devient ici une formule vide, un versant sombre du kitsch à force d’épouser l’iconographie consacrée. L’autre axe de sa démarche s’oriente vers une critique radicale de la notion d’auteur. Le cabotinage des artistes contemporains, la façon dont les cercles marchands et médiatiques encouragent ce mouvement débouchent pour Miller sur un échec significatif de l’œuvre d’art à devenir une forme qui pense. À cet effet, il produit des sculptures construites comme des accumulations d’objets divers qui marquent une certaine distance avec l’ordre ambiant. Mais il serait vain d’interpréter l’œuvre de Miller sans indiquer qu’il est également un brillant théoricien, dont on trouve pour la première fois les écrits dans le catalogue qui accompagne cette exposition.

GRENOBLE, Centre national d’Art contemporain-Le Magasin, jusqu’au 5 septembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°508 du 1 juillet 1999, avec le titre suivant : John Miller, artiste et critique

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque