Jesper Just, cinéma multiple

On y découvre, sur deux écrans de vingt mètres de long se faisant face, une femme en chaise roulante scrutant un homme mutique, et vice versa. Sans paroles, les films en 16 mm de Jesper Just sont à ressentir comme des « voyages intérieurs » revisitant tout aussi bien le cinéma d’auteur (Bergman, Duras, Resnais) que la mythologie hollywoodienne. Superbes blondes, chignon en spirale, escalier en colimaçon : les allusions hitchcockiennes foisonnent ! À l’instar de son compatriote Lars von Trier, Just crée des ambiances ambiguës alternant plages mélancoliques et humour grinçant, le spectateur ne sachant jamais trop sur quel pied danser.

Bien sûr, les spécialistes se régaleront à démasquer, derrière la beauté enivrante des images, les multiples références faites au septième art. Néanmoins, sans être un cinéphile averti, le spectateur peut tout à fait savourer ces films pour ce qu’ils sont : de superbes poèmes visuels interrogeant nos stéréotypes du désir. Comme s’il était le coauteur du film, il se crée sa propre histoire d’après sa sensibilité. Avec un talent fou, Just nous propose une expérience cinématographique inédite. Précisons, au passage, que le confort de visionnage (circulation limpide, salles plongées dans le noir, bancs à disposition) est optimal.