Après la Salle de bain à Lyon, de brèves incursions au musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg ou au château de Tarascon l’été passé, la France rattrape décidément son retard : cette fois c’est l’espace 315 du Centre Georges Pompidou qui accueille Jeppe Hein, jeune trublion danois dont les facéties postminimalistes ont déjà largement séduit la scène internationale. Le visiteur, décontenancé, est invité à sillonner un espace cubique parfaitement vide. Le parcours est pourtant orienté selon le tracé précis d’un labyrinthe invisible dont le dessin change chaque jour de la semaine. Pour pouvoir suivre ce croquis, le spectateur est alors coiffé d’un casque équipé d’un dispositif à infrarouges. Dirigeant ses pas selon les tressaillements que libère son couvre-chef de circonstance, le visiteur déclenche l’œuvre. C’est à lui que revient la charge d’incarner ou/et d’effectuer l’espace ainsi (dé)construit par l’artiste. À lui de cheminer laborieusement, butant contre les murs et les culs-de-sac virtuels signalés à chaque vibration endurée. En plus de sa propre implication dans l’activation de l’œuvre, le promeneur assiste alors à une lente et soucieuse chorégraphie de visiteurs casqués, modulant l’invisible espace labyrinthique. Rejouant l’effacement de l’artiste, la dématérialisation de l’œuvre, suggérant l’idée d’un spectateur catalyseur d’une œuvre qui ne demanderait qu’à se produire, Jeppe Hein exfiltre et défie non sans malice quelques-unes des propriétés du corpus minimaliste.
« Jeppe Hein », PARIS, Centre Pompidou, espace 315, place Georges Pompidou, IVe, tél. 01 44 78 12 33, www.centrepompidou.fr, jusqu’au 14 novembre.
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Jeppe Hein : zigzags postminimalistes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°574 du 1 novembre 2005, avec le titre suivant : Jeppe Hein : zigzags postminimalistes