Peinture

'Jean Raoux' au Musée Fabre, à Montpellier

Touche moelleuse

Le Journal des Arts

Le 16 février 2010 - 609 mots

Le Musée Fabre rend hommage à Jean Raoux, artiste languedocien du XVIIIe siècle

MONTPELLIER - Raoux, en prononçant le « x » ! Le Musée Fabre met à l’honneur la peinture du début du XVIIIe siècle et son éclectisme avec « Jean Raoux (1677-1734), virtuose et sensuel ». De cet artiste, fils d’un officier de la Monnaie à la position confortable, on sait peu de choses. L’exposition suit une progression chronologique et thématique et permet de mesurer l’évolution de son style. La première toile présentée, La Vierge du rosaire (1700), révèle tout d’abord les tâtonnements d’un jeune artiste encore maladroit. Mais, dès 1703, il part à Paris et se forme à l’atelier de Bon Boullogne. Après avoir remporté le prix de Rome, Jean Raoux se rend en Italie vers 1705. Durant cette période prolifique, il rencontre son principal mécène, le grand prieur Philippe de Vendôme, qui l’initie à son mode de vie libertin et assure sa reconnaissance. À Rome et à Venise, l’artiste se cherche : les corps se font moins raides et les figures féminines toujours plus soignées.

Raoux rentre en France en 1714. Son talent se révèle alors pleinement, illustration de cette riche période de transition vers un art plus intimiste. Ses scènes de genre remportent un vif succès auprès des collectionneurs. Caractérisées par une touche moelleuse, comme le fait remarquer Olivier Zeder, co-commissaire de l’exposition, elles oscillent entre la peinture hollandaise et italienne. La Vieillesse (1714) et La Liseuse (1719) en sont de bons exemples. Après une salle consacrée aux contemporains de l’artiste, ses portraits et peintures d’histoire sont abordés, soulignant son désir d’apporter un souffle de modernité avec le Portrait de Mlle Prévost en bacchante (1723), par exemple.

L’exposition se clôt sur les vestales dans l’œuvre du peintre. Le Portrait de Mme Boucher, née Perdrigeon, en vestale (1733) exprime l’ambivalence de l’art de Raoux, à mi-chemin entre l’onctuosité des chairs et la précision du tissu qui crisse sous l’œil du visiteur. Dense, l’exposition rend hommage à l’enfant du pays dont elle fait avancer la cause, comme le souhaite Michel Hilaire, co-commissaire de l’exposition, et démontre avec finesse que l’histoire de l’art ne se bâtit pas qu’avec des grands noms.

Un nouveau département dédié aux arts décoratifs

Le 6 février, le Musée Fabre a inauguré son nouveau département d’Arts décoratifs, à l’hôtel Cabrières-Sabatier d’Espeyran. L’édifice, construit par le comte Charles Despous de Paul de 1874 à 1875, avait été légué en 1967 à la ville de Montpellier par madame Frédéric Sabatier d’Espeyran, née Renée Carbrières, sa petite-fille, avec de riches ensembles mobiliers et une collection d’objets d’art du XVIIIe siècle. Endommagés par un dégât des eaux en 2003, le bâtiment et les collections ont aujourd’hui retrouvé leur lustre grâce à un chantier de restauration de 4 365 400 euros financé à hauteur de 70 % par Montpellier Agglomération. Jérôme Farigoule, conservateur du patrimoine en charge du département, évoque un projet scientifique dont l’ambition est de proposer un ensemble cohérent montrant la vie de la bonne société montpelliéraine aux XVIIIe et XIXe siècles. Le rez-de-chaussée, en écho à la scénographie moderne du Musée Fabre, présente une collection de faïences et porcelaines. Au premier étage, des period rooms reproduisent les appartements d’apparat du comte Despous de Paul. Le deuxième étage rappelle quant à lui les appartements de la IIIe République et présente quelques pièces exceptionnelles, telle une commode marquetée de branchages fleuris estampillée par Adrien Delorme (1722-1791). Trois ans après son ouverture, le Musée Fabre se dote, avec l’hôtel Cabrières-Sabatier d’Espeyran, d’un département d’Arts décoratifs à sa hauteur.
Hôtel Cabrières-Sabatier d’Espeyran, département des Arts décoratifs du Musée Fabre, 6 bis, rue Montpelliéret, 34000 Montpellier, tél. 04 67 14 83 00

JEAN RAOUX
Commissaires : Michel Hilaire, directeur du Musée Fabre ; Olivier Zeder, conservateur en chef du patrimoine au Musée Fabre
Œuvres : 90

JEAN RAOUX (1677-1734), VIRTUOSE ET SENSUEL, jusqu’au 11 avril, Musée Fabre, 39, boulevard Bonne-Nouvelle, 34000 Montpellier, tlj sauf lundi 10h-18h, samedi 11h-18h, mercredi 13h-21h, tél. 04 67 14 83 00, museefabre.montpellier-agglo.com. Cat., coéd. Somogy et Musée Fabre, 2009, 207 p., 30 euros, ISBN 978-2-7572-0287-6

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°319 du 19 février 2010, avec le titre suivant : 'Jean Raoux' au Musée Fabre, à Montpellier

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque