Antibes (06)

Jean-Charles Blais le retour, enfin !

Musée Picasso jusqu’au 9 juin 2013

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 19 avril 2013 - 384 mots

Sauf à suivre la programmation de la Galerie Catherine Issert, fidèle parmi les fidèles de l’artiste, on ne l’avait pas vu depuis longtemps sur la scène institutionnelle.

Et si c’est par la prestigieuse porte du Musée Picasso, à Antibes, qu’on l’y retrouve, ceux qui le connaissent bien n’en seront pas surpris.
Originaire de Rennes, né en 1956, Jean-Charles Blais, figure majeure des années 1980 avec Garouste et Combas, a en effet très tôt jeté son dévolu sur l’arrière-pays vençois, s’y installant et y partageant son temps avec la capitale. Après avoir été au premier rang de l’actualité et travaillé avec les plus grandes galeries comme Yvon Lambert et Leo Castelli, le choix qu’a fait l’artiste depuis une quinzaine d’années de se tenir en retrait est à l’écho d’une œuvre qui a su s’imposer sans jamais faire de concession.

L’exposition du Musée Picasso vise précisément à en rendre compte en un parcours « à rebours » qui met en évidence comment cette œuvre, pour l’essentiel fondée sur une figure du corps, s’est développée en de permanents et subtils glissements. De l’usage du revers d’affiches comme support à celui du numérique, l’art de Jean-Charles Blais décline toute une réflexion sur les possibilités du figurable en une multitude d’images de la figure humaine, tantôt en gros plan, tantôt fragmentaires, tantôt simplement épiphaniques, qui en dit long de l’inscription du corps dans l’espace.
D’une narration en forme d’arrêt sur image à l’évocation d’une silhouette, voire à sa projection réduite à l’état graphique, l’esthétique de Blais procède d’une problématique de la présence. Les figures de l’artiste ne possèdent aucune espèce d’identité repérable ; elles appartiennent à une population imaginaire et ne sont autre que le signe d’une existence au moment précis de leur apparition et de leur perception. Elles sont là, ici et maintenant, dans la force d’impact de leur désignation.
Si on en a souvent parlé comme des « décors de corps », c’est justement pour souligner ce qu’il en est chez elles de leur rapport à l’espace. Comment elles l’accaparent, tout comme elles impactent notre mémoire, à la façon de ces figures fantomatiques qui nous hantent parce qu’elles nous habitent au plus profond de nous-mêmes. Aussi cette exposition n’est pas tant l’occasion de revoir Jean-Charles Blais que de prendre la mesure du caractère indéfectible de son œuvre.

« Jean-Charles Blais », Musée Picasso, château Grimaldi, Antibes (06), www.antibes-juanlespins.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°657 du 1 mai 2013, avec le titre suivant : Jean-Charles Blais le retour, enfin !

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