Le mythe du Juif errant est né dans les monastères bénédictins du XIIIe siècle, sous la plume de moines occupés à enrichir la vie et la Passion du Christ d’anecdotes marquantes. Et s’il est une légende qui a frappé l’imaginaire chrétien, c’est bien celle-ci : l’histoire douloureuse d’un homme maudit de Dieu pour avoir insulté le Christ sur le chemin de Croix, un homme condamné à vivre sans repos jusqu’à la fin des temps. L’extrême popularité de ce mythe revêt, au cours des siècles, des aspects bien différents, révélateurs du regard que portent les chrétiens sur les populations juives d’Occident. Jusqu’au XIXe siècle, le Juif errant apparaît, dans la littérature populaire de colportage, comme un témoin de l’histoire du monde, marcheur merveilleux qui conte son histoire de ville en ville. A la suite, le romantisme voit en lui un héros incarnant l’infinie solitude humaine. Magnifié par le roman d’Eugène Sue, il deviendra le symbole de l’humanité et du progrès social en marche avant que les mouvements antisémites ne s’en emparent pour le peindre sous les couleurs discriminatoires d’un paria instable, incapable de s’intégrer à la société qui l’accueille. Mais tout au long du XIXe siècle, sa notoriété ne faiblit pas, surtout en France. Les estampes d’Epinal répandent son image dans les campagnes, Gustave Doré grave sa figure, Fromental Halévy lui compose un opéra et Béranger une chanson. C’est cette représentation littérale que l’exposition s’est attachée à cerner, avec une riche iconographie qui va du manuscrit sur parchemin du XIIIe siècle à Chagall.
- PARIS, Musée d’art et d’histoire du judaïsme, 71, rue du Temple, tél. 01 53 01 86 53, 26 octobre-24 février.
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Je suis celui qui marche
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°533 du 1 février 2002, avec le titre suivant : Je suis celui qui marche