Emprunter la phrase à Arthur Rimbaud, c’est introduire, entre silence et circonspection, l’étrange opus pensé par Frank Lamy pour le Mac-Val.
Rarement on aura vu la salle des expositions temporaires du musée aussi dénudée, blanche sans être solaire, pour accueillir finalement peu d’œuvres, une quinzaine. C’est que la proposition introspective du chargé des expositions du lieu nécessite temps et réflexion.
Se poser, prendre le contrepied d’une image de l’artiste balançant ses tripes à la face du spectateur. Ici, se joue l’implicite, et le désir sans outrance se mêle aux peurs archaïques. Ainsi les Objets de prémonition créés dans les années 1970 par Daniel Pommereulle sont-ils présentés comme des « cas », servis sur un podium blanc qui protège de l’agressivité des sculptures hérissées d’hameçons et de crans d’arrêt. La vision traumatique se frotte aux obsessions d’Annette Messager, ses signatures répétées à l’envi et collectionnées, ses dessins de châteaux en Espagne. Certaines œuvres s’exposent avec moins d’évidence pour le visiteur, comme l’ensemble The Lovers de Dominik Lang constitué des œuvres de son père dont il ne cesse de sonder l’influence de l’héritage sur sa propre pratique.
Si la démarche est passionnante, la forme passe, elle, toujours aussi difficilement. Comment dire « je » ? Les artistes conviés par Frank Lamy sculptent le passage entre le monde et l’intériorité, celle des angoisses et des désirs. On redécouvre ainsi La Chambre de sommeil de Pascal Convert (1992), soit l’enregistrement d’une nuit d’activité cérébrale retranscrit sur les murs, et aussi un Polder de Tatiana Trouvé (2005) aux portes étrangement entrouvertes sur un espace impénétrable.
« Émoi & moi » a le mérite de faire redécouvrir des œuvres à l’aune de l’introspection, de se donner le temps et l’espace. Un peu revêche et sèche ainsi qu’en témoigne le centre de la salle laissé quasiment vide, l’exposition en devient touchante à force de retenue. Aucun exposé scientifique, aucune exhaustivité, Frank Lamy a dit « je » avec une émotion palpable
« Émoi & moi », Mac-Val, place de la Libération, Vitry-sur-Seine (94), www.macval.fr
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« Je est un autre »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°656 du 1 avril 2013, avec le titre suivant : « Je est un autre »