Musée Cognacq-Jay - Paris 3e

J’ai de beaux émaux dans ma tabatière

Jusqu’au 6 mai 2012

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 23 février 2012 - 373 mots

Niché dans une petite rue du Marais, le Musée Cognacq-Jay demeure peu connu du public. Et pourtant, comme le démontre sa nouvelle exposition temporaire dédiée aux boîtes en or et « objets de vertu », il renferme des trésors des arts décoratifs et d’orfèvrerie du XVIIIe siècle.

Avec deux cent quarante objets d’une qualité remarquable et étonnamment bien conservés, le musée dispose en effet d’une des plus importantes collections de ce genre : un fonds qui comprend boîtes à mouches, boîtes à rouge, tabatières, drageoirs, étuis et nécessaires ; autant de bibelots précieux qui constituaient des objets de prestige et des cadeaux diplomatiques.

Ces pièces luxueuses, chefs-d’œuvre d’ingéniosité et véritable tours de force techniques, présentent une grande diversité dans les matériaux et les techniques utilisés : or ciselé, gravé, émaillé, orné de porcelaine, de nacre, d’ivoire ou encore de pierre dure. Elles sont classées sous le terme générique d’« objets de vertu », une appellation qui demeure aujourd’hui quelque peu mystérieuse, mais dont il semble qu’elle renvoyait à l’époque aux qualités de virtuose de leur concepteur. Parmi ces pièces, l’objet le plus courant est la tabatière, petite boîte finement ouvragée servant à conserver la poudre de tabac que les aristocrates et les élégantes prisaient en société. D’abord utilitaire, la tabatière devient au siècle des Lumières un objet de collection et un accessoire de mode.

Malgré l’exiguïté de ses salles, le musée signe une exposition réussie qui présente cent quatre-vingts pièces regroupées en fonction des techniques employées, de leur lieu de réalisation ou encore des matériaux mis en œuvre. La place de ces objets prestigieux dans le quotidien et dans les pratiques sociales de l’époque est illustrée par l’agrandissement de détails de célèbres tableaux dans lesquels les personnalités les arborent fièrement. Très didactique, elle met également en regard les pièces avec des dessins issus des recueils d’ornemanistes, principale source d’inspiration des orfèvres. Enfin, le travail des peintres émailleurs est évoqué par la confrontation avec les thèmes tirés de la peinture de genre, notamment les scènes galantes de Watteau et les pastorales de Boucher, dont les motifs les plus connus étaient transposés sur les médaillons ornant ces précieuses boîtes.

Voir « Boîtes en or et objets de vertu »

Musée Cognacq-Jay, 8, rue Elzévir, Paris-3e, www.cognacq-jay.paris.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°644 du 1 mars 2012, avec le titre suivant : J’ai de beaux émaux dans ma tabatière

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