L’exercice de l’exposition-portrait est un genre délicat, surtout quand elle concerne un homme politique ayant exercé les plus hautes fonctions de l’État. En 1999, Daniel Abadie, directeur du Jeu de paume, s’etait confronté à celui de «Â Georges Pompidou et la modernité ».
Pour évoquer les relations de Jacques Chirac avec les cultures non occidentales, et expliquer ce qui l’a conduit à fonder le Musée du quai Branly, son président Stéphane Martin a fait appel non pas à un conservateur, mais à Jean-Jacques Aillagon. Les deux hommes ont en commun d’être des proches de l’ancien président de la République et d’avoir œuvré à ses côtés. On pouvait par conséquent craindre le portrait hagiographique du promoteur du Quai Branly, du pavillon des Sessions et du département des arts de l’islam au Louvre. Et on n’y échappe pas, comme on n’échappe pas à deux œuvres d’Adel Abdessemed de la collection François Pinault, autre proche de la famille Jacques Chirac, et mécène de l’exposition auprès duquel Jacques Aillagon officie en tant que conseiller pour ses activités artistiques et culturelles.
Le visiteur se perd parfois dans la lecture du portrait dit « culturel » de Jacques Chirac, évidemment jamais associé à ce que fut la politique notamment africaine menée par la France durant ces années. Bien qu’intéressant, le recours à la recontextualisation de son positionnement sur le « dialogue entre les peuples », via l’évolution du regard occidental sur les peuples non occidentaux, mais aussi via ses propres convictions, ouvre par ailleurs à des associations qui interrogent sur leur raison d’être. Et ce, dès le début du propos, construit à partir des exhibitions anthropologiques du Jardin d’acclimatation, des luttes de Senghor et de Césaire et de l’exposition « Les magiciens de la terre » au Centre Pompidou. Des séquences qui déroutent le visiteur bien qu’elles soient le moyen d’introduire par une ou deux photographies au parcours personnel et politique de Jacques Chirac. Quant au déploiement des œuvres et de documents, s’il convoque des pièces exceptionnelles dont trois offertes à Jacques Chirac, il ne pose à aucun moment le rapport de Jacques Chirac à la collection.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Jacques Chirac sous contrôle
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Musée du quai Branly, 37, quai Branly, Paris-7e, www.quaibranly.fr
Légende Photo :
Jacques Chirac, maire de Paris, visite l'exposition "Taïnos" en compagnie de Jacques Kerchache et de Jean-Jacques Aillago, Petit Palais, 22 février 1994. © Photo: Éric Lefeuvre.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°693 du 1 septembre 2016, avec le titre suivant : Jacques Chirac sous contrôle