Isabelle Champion-Métadier, la matière en transit

Elle exposait à la galerie Montenay-Giroux tout un ensemble de peintures dont les fonds aux couleurs acidulées accueillaient en surface d’étranges corps abstraits aux tonalités plus sourdes, réalisés en résine, figurant comme des formes organiques. Agrémentées de quatre sculptures toutes nouvelles non moins surprenantes, ce sont ces peintures qui sont présentées à Tours. Regroupées sous le titre générique Le Répertoire de la Mémoire, elles font suite à un ensemble de 300 dessins, exécutés à New York, eux-mêmes très proches d’une autre série précédente qualifiée d’Innommables. Isabelle Champion-Métadier a une façon très personnelle de capter les échos du monde qui l’environne. Si elle en a tout d’abord informé, sur un mode graphique quasi automatique, un peuple de figures proprement indicibles, elle en a déduit par la suite une formulation picturale qui témoigne de sa fascination pour la mouvance de la matière. Les peintures new-yorkaises jouent en effet de la qualité réactive des matériaux qu’elle emploie, du flux et du reflux de leurs humeurs, dans cette façon où elles instruisent le peintre de toutes sortes de surprises et d’avatars avec lesquels il se doit de composer. À l’instar des peintures, ses sculptures qui sont en bronze et qui ne renvoient à aucune espèce de figure explicite suggèrent paradoxalement quelque chose d’informe et de fluide. C’est dire à l’aune de quelle idée de transit, voire de métamorphose, la démarche de Champion-Métadier se détermine. Entre le vivant et l’artificiel.