William Henry Jackson, Timothy H. O’Sullivan, Jack Hillers, Alexander Gardner, autant de patronymes fleurant bon l’évasion en contrées yankees. Le musée d’Art américain de Giverny consacre cet automne ses salles d’exposition à ces photographes qui ont foulé, entre les années 1860 et 1880, l’indomptable Ouest américain.
Au sortir de la guerre de Sécession, cap est mis à l’Ouest pour de grandes campagnes d’exploration menées à dos de mulets, dans les dédales rocheux. Arizona, Oklahoma, Utah, mais aussi Yellowstone, le (futur) grand parc des Yosemites, sont autant de découvertes majeures portées à la connaissance des Américains par une large diffusion des photographies d’expéditions.
Pour satisfaire l’engouement du public autant que celui des scientifiques, les campagnes se succèdent. Les premières images des violences de la guerre ont porté à la connaissance d’un public friand de nouveaux horizons la possibilité d’une évasion sur papier glacé. Les clichés sont d’abord documentaires, aux paysages grandioses d’y conférer la touche artistique que nous leur accordons aujourd’hui.
Parmi les explorateurs, O’Sullivan plus que quiconque, rapportera de ses séjours répétés les images d’un désert pas si aride que le laisse sous-entendre la légende. Points d’eau, cascades, rivières interrompent le regard. Le photographe propose dans ses séries une double incursion, celle du voyageur en des contrées effleurées par les seuls autochtones, sur laquelle il distille les stigmates de sa présence, par ses empreintes de pas ou l’oubli volontaire de quelque matériel de prise de vue. Les compositions obéissent à des cadrages stricts que viennent briser les vertigineux flancs de falaises.
À côté de ces images de nature hostile et de prime abord indomptable, les clichés de Gardner offrent l’observation d’un environnement en pleine mutation grâce à la construction du réseau ferroviaire. En marge de l’imagerie liée à cette mécanisation galopante, quelques portraits de chefs sioux, dans leurs costumes de cérémonie, apportent une notion ethnographique à la collection. Ceux-ci, en dépit de leur caractère spontané, ont été réalisés en studio et non sur les sites, les modèles étant pour la plupart rapatriés dans les villes afin d’optimiser la pose et la prise de vue et conserver à jamais ces images du nouveau monde, déjà un peu surannées.
« Visions de l’Ouest », musée d’Art américain, 99, rue Claude-Monet, Giverny (27), tél. 02 32 51 94 65, www.maag.org, jusqu’au 31 octobre 2007.
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Il était une fois la photo dans l'Ouest
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°594 du 1 septembre 2007, avec le titre suivant : Il était une fois la photo dans l'Ouest