Hundertwasser, la vie en couleur

On se souvient de l’exposition haute en couleur que le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris avait consacrée dans les années 70 à Hundertwasser (de son vrai nom Friedrich Stowasser), né à Vienne en 1928 et disparu l’an dernier. Artiste hors norme, touche-à-tout de génie, peintre, sculpteur, architecte, théoricien mais aussi cinéaste, navigateur et écologiste avant l’heure, Hundertwasser a laissé une œuvre qui se présente comme un véritable feu d’artifice avec ce style propre à l’Art Nouveau autrichien, inauguré par Klimt au début du siècle. Auteur d’une théorie plastique dérivée du surréalisme, nommée par lui « transautomatisme », il a tout d’abord décliné une production d’œuvres aux lignes serpentines et aux compositions mosaïques qui deviendront très vite la marque de son style. Au fil du temps, Hundertwasser a développé une figuration de plus en plus organique dont les formes et les couleurs suggèrent des structures cellulaires. De plus en plus soucieux de restituer l’homme à la nature, il s’est enfin engagé dans un véritable combat écologique, fustigeant les travers de l’architecture contemporaine, combattant les concepts de la ligne droite et du sol plan, inventant ceux d’« arbres-locataires » et de « droit à la fenêtre », réalisant toutes sortes de maquettes de maisons et de jardins plus ou moins utopiques. L’hommage que le musée d’Alençon a décidé
de rendre à Hundertwasser est l’occasion de retrouver une œuvre hautement poétique, qui balance entre une vision émerveillée du monde, une prise de conscience citoyenne et une certaine innocence. Bain de jouvence et plaisir des yeux assurés.