Hommage à Hassan Sharif, pionnier de l’art conceptuel

À Saint-Étienne, la rétrospective itinérante portée par la Sharjah Art Foundation (Dubaï, 2018) occupe un espace de 1 250 m2. Réunissant plus de 150 pièces, l’exposition témoigne de la richesse et de l’acuité de l’œuvre de l’artiste émirati. Nous sommes accueillis par une des dernières pièces, caractéristique des installations monumentales qu’il réalise dans les années 2010 : Playfulness (2015), accumulation murale de jouets récupérés et repeints par l’artiste. C’est après cette mise en bouche quelque peu anxiogène que débute le parcours chronologique de l’exposition, permettant une approche didactique plutôt réussie de l’œuvre éminemment multiple de celui qui a, par deux fois, représenté les Émirats arabes unis à la Biennale de Venise. On y découvre ainsi l’évolution de son travail, depuis ses caricatures pour un hebdomadaire émirati dans les années 1970 jusqu’à ses installations accumulatives et peintures figuratives des années 2000-2010, en passant par des dessins protocolaires appelés « semi-systèmes », débutés lors de ses études à Londres (1979-1984), ou encore des « tas » réalisés à partir de matériaux naturels et des assemblages d’objets usuels récupérés. Des éléments documentant des performances et des expositions éphémères réalisées en collectif sont également présentés. À l’issue du parcours, le bel hommage à Hassan Sharif est enrichi par deux salles présentant des œuvres de la collection du musée qui font écho à son travail (Fluxus, Supports/Surfaces, art minimal).