La Tate Gallery inaugure la série d’expositions organisées à l’occasion du tricentenaire de la naissance de l’un des plus fameux artistes anglais, William Hogarth. Ces manifestations permettront d’éclairer la carrière de ce peintre énigmatique, dont l’œuvre est loin de se limiter aux gravures satiriques qui ont fait sa réputation.
LONDRES - Né le 10 novembre 1697 à Bartholomew, près de Londres, William Hogarth acquit de son vivant une rapide notoriété grâce à ses "sujets modernes et moraux", comme il les définissait lui-même. Ces gravures satiriques sur la vie de son temps, à l’image du Rake’s Progress, lui permirent d’amasser une petite fortune, mais cet autodidacte reste sans doute le plus paradoxal des artistes du XVIIIe siècle. Tout en étant passionnément impliqué dans les problèmes sociaux de son époque, Hogarth aspirait en effet à devenir le "Raphaël anglais", obsédé par l’idée d’élever l’artiste au statut de gentleman. Les multiples expositions programmées cette année fourniront une excellente occasion de redécouvrir sa vie et, surtout, les diverses facettes de son talent.
La célébration du tricentenaire de Hogarth commence à la Tate Gallery avec l’exposition "Hogarth the Painter", qui comprend quatre tableaux jamais exposés en Angleterre parmi la douzaine rassemblée. Son Autoportrait au carlin a été restauré pour l’occasion, et l’opération a mis en évidence d’intéressants repentirs. Après s’être tout d’abord figuré en noble emperruqué, l’artiste a choisi de se représenter tel qu’on le voit aujourd’hui, en homme fier de se proclamer peintre et de rattacher son art à la poésie de Shakespeare et de Milton, dont les livres sont empilés à côté de son carlin, Trump.
La vie est un théâtre
Pour son exposition prévue du 15 octobre au 18 janvier 1998, la National Gallery de Londres exposera le chef-d’œuvre de Hogarth, Le mariage à la mode, série de tableaux que le musée possède depuis sa création, en 1824. Cette histoire tragi-comique d’un mariage sans amour entre la fille d’un riche marchand et un aristocrate prodigue sera le clou d’une exposition-dossier combinant six toiles de 1745 avec les gravures qui en ont été tirées, ainsi que six autres toiles et le buste en terre cuite exécuté par Roubilliac en 1842, qui évoque l’artiste songeant à la genèse de son œuvre.
En complément, des expositions plus modestes ont été organisées par un spécialiste de Hogarth, le professeur David Bindman du University College de Londres. La série de gravures du Rake’s Progress (La carrière d’un roué) est exposée jusqu’au 31 août dans son lieu habituel de conservation, au Sir John Soane’s Museum de Londres. Diverses œuvres sur le même thème y sont présentées, dont la série inspirée de l’opéra de Stravinsky qu’a réalisée David Hockney. L’exposition "Hogarth et son temps", prévue au British Museum d’octobre à janvier 1998, rassemblera les estampes et les dessins de la collection du musée. Elle compte replacer le peintre dans son contexte contemporain et urbain avant d’examiner le sort que connut sa réputation après sa mort. Cette exposition est ensuite attendue aux États-Unis et au Canada, mais l’unique manifestation organisée en dehors d’Angleterre par le professeur Bindman se tiendra au Paul Mellon Center for British Art de l’université de Yale, à New Haven (Connecticut). Y seront exposées les séries de tableaux et de gravures du cycle du Beggar’s Opera (l’Opéra des gueux), où l’artiste sut ironiquement exploiter les parallèles existants entre la vie et le théâtre.
HOGARTH LE PEINTRE, jusqu’au 8 juin, Tate Gallery, Milbank, Londres, tél. 44 171 887 80 00, tlj sauf JF 10h-17h50, dim. 14h-17h50.
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Hogarth soutient le paradoxe
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°36 du 18 avril 1997, avec le titre suivant : Hogarth soutient le paradoxe