Hitchcock, au-delà du suspense

Une blonde platine férocement poignardée dans sa douche, une vieille dame so british mystérieusement disparue dans un train, un couple happé par le vide du Mont Rushmore se raccroche aux profils granitiques des présidents américains, autant de scènes mythiques qui ont hissé le cinéaste britannique Alfred Hitchcock (1899-1980) au rang de maître du suspense. Au-delà
de la simple projection de films, cette exposition conçue par le Musée des Beaux-Arts de Montréal (L’Œil n°522), aujourd’hui présentée à Beaubourg, propose une véritable étude de cette esthétique de l’angoisse. Le premier des trois volets, plus documentaire, convoque les archives des cinémathèques et des collectionneurs privés du monde entier (scénarii, photographies de plateau, esquisses de costumes). Le second, expérimental, confronte le public au décor des films. Il lui fait éprouver physiquement, par le biais d’une reconstitution, l’atmosphère singulière de fictions telles que Psychose ou Les Oiseaux, lui permettant également de circuler devant des projections à l’instar
des acteurs d’Hitchcock qui passaient devant des « transparences ». La dernière partie, interprétative, étudie les influences et les héritages d’un cinéaste amateur et collectionneur d’art. Ses œuvres, pétries de réminiscences victoriennes, proches de l’expressionnisme allemand, flirtant avec la peinture symboliste ou surréaliste (Spellbound est élaboré en collaboration avec Salvador Dalí), s’interrogent sur la nature même de l’image.