Djazaïr

Histoire(s) de l’Algérie

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 9 janvier 2004 - 508 mots

À travers près de 300 objets et œuvres d’art, l’Institut du monde arabe explore la culture algérienne depuis la préhistoire jusqu’au XIXe siècle.

PARIS - Dans le cadre de « Djazaïr, une année de l’Algérie en France », qui vient tout juste de s’achever, l’Institut du monde arabe (IMA) met en lumière la richesse des différentes civilisations qui se sont succédé sur cette terre méditerranéenne, à travers Berbères, Romains, Arabes ou Turcs, juifs, chrétiens et musulmans. Le parcours s’organise selon trois grandes périodes : la préhistoire (de l’âge de pierre au Néolithique), l’Antiquité (des Numides aux Byzantins) et la période post-hégirienne (de 622 à 1830). À la fois sobre et sophistiquée, la scénographie permet une lecture aisée des objets : un soin particulier a été apporté à l’éclairage, aux socles et aux vitrines. Chaque vestige archéologique bénéficie d’une présentation spécifique, des ouvertures permettent de relier les différents espaces, les cimaises peintes dans des dégradés de bleu signifiant le passage d’une période à une autre… Depuis les galets aménagés jusqu’aux céramiques à motifs géométriques en passant par les rondes-bosses aux formes zoomorphes, les pièces de la période préhistorique témoignent de l’évolution de l’homme pendant plus de vingt millénaires. Les bétyles, ces sculptures anthropomorphes qui firent l’objet de pratiques cultuelles, trônent au milieu du premier espace d’exposition. Sur certaines de ces étranges figures sculptées dans du grès, une ligne légère trace le contour du visage, dont les traits ont été peints à l’ocre ou creusés dans la roche. L’Antiquité a, elle aussi, fourni quantité de vestiges archéologiques : stèles votives, statuaire où l’art romain se mêle à l’esthétique locale, décors sculptés, mosaïques, objets en bronze, céramique et verre. L’IMA en présente de beaux exemples, ainsi la Mosaïque de la nymphe Cyrène (IIe-IIIe siècle) ou des tablettes vandales (1) qui servaient à l’enregistrement d’actes juridiques. Conservées au Musée national des antiquités d’Alger, ces dernières constituent des documents exceptionnels par leur rareté et la précision des informations enregistrées. Avec l’arrivée des conquérants arabes au début du VIIIe siècle, de nouveaux modèles esthétiques se mettent en place. Les décors en stuc et céramique s’inscrivent dans la production artistique du monde arabo-musulman. La langue arabe est calligraphiée dans un style propre au Maghreb, comme le montrent deux manuscrits du Coran datant du XIIe siècle. Mis en scène à la manière des palais d’Alger, des décors architecturaux, stèles funéraires en marbre sculpté, costumes brodés au fil d’or ou de soie et parures d’argent illustrent l’art de vivre en Algérie après l’Hégire. C’est cet héritage d’une grande complexité que découvrent, à partir de 1830, les peintres français « De Delacroix à Renoir », auxquels l’IMA rend également hommage (lire le JdA n° 180, 7 novembre 2003).

(1) Les Vandales, originaires des pays scandinaves, régnèrent sur une partie de l’Afrique de 429 à 553.

L’ALGÉRIE EN HÉRITAGE. ART ET HISTOIRE

Jusqu’au 25 janvier, Institut du monde arabe, 1 rue des Fossés-Saint-Bernard, place Mohammed-V, 75005 Paris, tél. 01 40 51 38 38, tlj sauf lundi 10h-18h et 19h le week-end. Catalogue, IMA/Actes Sud, 348 p., 65 euros, ISBN 2-7427-4577-7.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°184 du 9 janvier 2004, avec le titre suivant : Histoire(s) de l’Algérie

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