De novembre 1873 à 1877, le Suédois Carl Fredrik Hill (1849-1911) travaille en France dans un isolement presque total. D’abord fervent admirateur de Corot et de Daubigny, il se consacre à la peinture de paysage en une série de toiles vibrantes représentant la forêt de Fontainebleau au crépuscule ou au clair de lune. Par l’intermédiaire de Durand-Ruel, il est invité à participer à la troisième exposition du groupe impressionniste, aux côtés de Degas et Renoir. Avec de vives couleurs, en des lignes souvent audacieusement dépouillées et en une écriture singulière tantôt brutale, tantôt douce, Hill peint des motifs de rivage à Luc-sur-Mer, des arbres fruitiers en fleurs à Bois-le-Roi et de lumineux bords de rivière de la vallée de la Seine. En novembre 1877, le drame
se produit. Hill est frappé de schizophrénie chronique et doit être rapatrié en Suède. D’abord dans un asile, puis dans sa propre maison.
Il continue cependant à travailler, entamant une ultime étape. Presque chaque jour, jusqu’à sa mort, il exécute sans entraves des milliers de dessins au crayon ou à l’encre. Ce qui frappe le plus dans son œuvre, c’est que ses dessins forment plusieurs groupes de styles très différents, dont chacun semble anticiper certains mouvements de l’art moderne comme les Nabis, le fauvisme, l’expressionnisme, le surréalisme ou l’Art Brut. Certaines compositions évoquent Odilon Redon, Matisse, Picasso, dont Hill n’a jamais pu voir une seule œuvre. Pas étonnant alors que cet artiste maudit et divinateur reste une énigme et demeure d’une étonnante actualité.
STOCKHOLM, Nationalmuseum, jusqu’au 16 janvier.
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Hill le maudit
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°511 du 1 novembre 1999, avec le titre suivant : Hill le maudit