Herman de Vries, la nature telle qu’elle est

Herman de Vries n’est pas un artiste du Land Art. Le rapport qu’il entretient avec le monde qui l’entoure est bien plus complexe et ancien. Herman de Vries naît aux Pays-Bas en 1931. Après des études d’horticulture, il produit à la fin des années 50 ses premières œuvres, essentiellement des peintures influencées par l’art informel. C’est seulement à partir des années 60 qu’il s’interroge sur les possibilités pour un artiste de jouer pleinement avec la nature, d’être une sorte d’arpenteur, de compilateur qui, loin de réduire celle-ci à un ensemble de données, laisse au contraire les éléments naturels exprimer pleinement leur beauté. « Je travaille avec la nature parce qu’elle est notre première réalité. Je suis influencé par le bouddhisme zen, sa prise directe sur le monde, la force de ses états de conscience. Souvent, je ne fais que présenter les faits de la nature tels que je les ai vus ». L’œuvre proposée à Digne est à ce sujet exemplaire. Engagé dans la reconnaissance d’un territoire dans toute son épaisseur historique et biologique, il vient de créer un sanctuaire sacré dans le site naturel de Roche-rousse, un cabinet de curiosité botanique en l’honneur du Docteur Honnorat, naturaliste dignois du XVIIIe siècle, ainsi qu’une collection de pierres locales et un hommage à Cézanne sous forme de grands dessins. Lors d’excursions, on peut également découvrir quelques sentences empruntées à Gassendi, philosophe et mathématicien né en 1592, directement gravées sur un rocher de sentier. Enfin, saluons le très bel ouvrage dernièrement publié aux éditions Anthèse qui trace un bilan de l’œuvre de cet artiste ermite.