\"Ich weiss nicht was soll es bedeuten, dass ich so traurig bin...\" (Je ne sais pas d’où me vient cette grande tristesse, ni ce qu’elle signifie) : des générations d’élèves germanistes ont appris La Lorelei, mais Henrich Heine reste peu connu des Français alors que la \"grande affaire de sa vie était de travailler à l’entente cordiale entre l’Allemagne et la France\". Une exposition organisée à l’occasion du bicentenaire de la naissance du poète répare cet oubli.
PARIS. Heinrich Heine a vécu à Paris une bonne partie de sa vie. Né sur les bords du Rhin, le 13 décembre 1797, jeune auteur, célèbre par ses récits de voyages, les Reisebilder, et son recueil Le Livre des chants, il quitte l’Allemagne en 1831 pour la France, “nouvelle Jérusalem”, fuyant une censure pesante. Heine meurt à Paris en 1856 et est inhumé au cimetière de Montmartre. Son testament affirme que la “grande affaire de sa vie était de travailler à l’entente cordiale entre l’Allemagne et la France et à déjouer les artifices des ennemis de la démocratie, qui exploitent à leur profit les animosités et les préjugés entre les nations”. Première partie de l’exposition, “La Lorelei et la liberté” confronte les textes du poète avec des tableaux provenant de musées européens – Carl Wilhem Hübner, Les tisserands, Silésie, 1844 ; Merry-Joseph Blondel, La force a reconquis ses nobles couleurs aux trois mémorables journées de 1830 ; Jules Dupré, Marine –, des installations vidéo et des objets. On voit comment la Lorelei, ce rocher de la vallée du Rhin devenu le symbole du Romantisme allemand, a suscité de multiples traductions et des objets allant de l’art au “kitsch”, telle cette carte postale “chromo” figurant une blonde dont la chevelure et les voiles s’envolent au vent. En 1848, Heine est paralysé et ne quitte plus son lit, son Matratzengruft (matelas-tombeau). Il entame une réflexion sur la mort et la religion, qu’illustrent notamment des photos de ciels parisiens par Marville. Spectacle insolite dans l’exposition, des comédiens costumés disent des poèmes. La seconde partie, intitulée “Traces”, présente des portraits du poète, – notamment celui exécuté par Gottlieb Gassen –, des manuscrits, des documents originaux, des ouvrages et des lettres, comme celle de Balzac s’excusant d’un rendez-vous manqué : “Il n’y a pas d’indemnité pour la perte d’un plaisir”. L’exposition, organisée par le Heinrich Heine Institut et la ville de Düsseldorf, y a attiré récemment 60 000 visiteurs. Parallèlement, une exposition de dix estampes originales dédiées à Heine se tient au Goethe Institut (jusqu’au 24 octobre), tandis qu’une autre, à la Cité internationale, est consacrée aux dessins et peintures réalisés d’après ses poèmes par Martin Lersch.
LA LORELEI ET LA LIBERTÉ, jusqu’au 1er novembre, Couvent des Cordeliers, 15 rue de l’École-de-Médecine, 75006 Paris, tlj sauf lundi 11h-18h30.
TRACES, jusqu’au 1er novembre, Bibliothèque historique de la Ville de Paris, 22 rue Mahler, 75004 Paris, tlj sauf lundi 10h-18h, dimanche 12h-19h. Catalogue, éditions Le Cerf
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Heine francophile
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°45 du 10 octobre 1997, avec le titre suivant : Heine francophile