Il y a des artistes dont l’œuvre s’impose comme une évidence. Myriam Haddad est de ceux-là, qui bénéficie de sa première exposition monographique en France alors même que sa peinture est déjà un phénomène.
Née à Damas, en Syrie, en 1991, Myriam Haddad arrive en France en 2012 pour s’inscrire aux Beaux-Arts de Paris, où elle rejoint Philippe Cognée puis Tim Eitel dans leur atelier. En 2019, elle est sélectionnée parmi les « Jeunes artistes en Europe » à la Fondation Cartier, un an après avoir rejoint la Galerie Art : Concept. En 2021, son travail est remarqué à Art Paris, au Printemps de septembre à Toulouse et, jusqu’au 31 décembre, au Frac Auvergne. Ce parcours, évidemment court – l’artiste n’a que 30 ans –, contraste avec sa peinture d’une grande maîtrise et d’une remarquable maturité. Myriam Haddad peint de petits tableaux (moins de 30 cm) et des formats monumentaux (certains pouvant atteindre 4 m) selon un même principe de recouvrement de la toile par la couleur. On commence par ne rien voir, par ne rien comprendre du capharnaüm chromatique qui se joue devant nos yeux, tant l’ensemble des bruns, rouges, bleus, verts, jaunes et orange sature l’espace à grands coups de brosse, avant de distinguer, ici une tête, là un crocodile, ailleurs un début de paysage. Il y a la force d’abstraction d’un Soutine ou d’un Eugène Leroy (l’épaisseur en moins) dans les tableaux d’Haddad, qui s’amuse à piéger notre vision par d’étranges pastilles monochromes – s’agit-il d’un souvenir de la calligraphie, de soleils mystiques ou de simples aplats de couleur pour rappeler qu’il ne s’agit que de peinture ? Qui s’amuse, aussi, à dérouter notre imaginaire. Derrière leurs titres énigmatiques (Soupirs des lueurs, Regards en deuil, etc.), quelle scène mythologique se trame-t-elle sous nos yeux, quelle légende du monde ? Celle de la création pure, à n’en pas douter.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Haddad, évidemment
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°748 du 1 novembre 2021, avec le titre suivant : Haddad, évidemment