« L’art rend visible ». Si la formule énoncée par Paul Klee est concise, elle n’en est pas moins elliptique. Qu’est-ce qui devient donc visible ? L’objet ou le sujet de l’art ? A moins que ce ne soit l’art lui-même, voire sa pratique. Face aux œuvres photographiques de Philippe Gronon, le spectateur est invité à ce genre de questionnement.Si ses « images » renvoient indiscutablement à leur modèle – un écritoire, un tableau de cotation, un fichier de bibliothèque, un hublot, un coffre-fort, la coupole d’un observatoire, les tuyères d’un réacteur, un tas de fumier –, force est de reconnaître que chacune d’elles paraît s’efforcer de l’absorber. Par la rigueur d’un cadrage qui le déconnecte du réel, par un travail sur la lumière qui en trouble la vision cognitive, par le recours au principe de la série qui en lamine la référence. Philippe Gronon ne se contente pas de photographier tel ou tel objet. Celui-ci n’est jamais que le prétexte d’une recherche beaucoup plus puissante. Par-delà cette façon frontale qu’il a de se saisir des modèles pour en extraire la part abstraite, c’est la photographie elle-même qui est en fait le sujet/objet de son travail. Faites à la chambre, tirées à l’échelle un, détourées et contrecollées sur aluminium pour mieux rendre compte d’un relief, les photographies de Gronon possèdent toutes les qualités de l’« aura » si chère à Walter Benjamin.
- CARQUEFOU, Frac Pays de Loire, La Fleuriaye, tél. 02 28 01 50 00, 6 juillet-9 septembre.
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Gronon, en quête d’aura photographique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°528 du 1 juillet 2001, avec le titre suivant : Gronon, en quête d’aura photographique