D’emblée, les personnages silencieux de Grisha Bruskin (né en 1945 à Moscou) intriguent. À les regarder de près, ils ne peuvent laisser indifférent. Il faut lire les cartels pour découvrir que ces figures fragiles, qui pourraient être de pierre ou de terre, sont en bronze. Uniformément blanches, comme usées par le temps, elles portent en elles une double histoire, celle de l’artiste et celle de son pays.
Bruskin connaît un succès fulgurant dans les années 1990 aux États-Unis, lors d’une vente aux enchères d’art russe où l’une de ses œuvres, reproduite en couverture du catalogue, s’envole à 400 000 $. Depuis, il a signé un contrat avec la Marlborough Gallery et il est représenté dans les collections de grands musées allemands et américains.
Grisha Bruskin a vécu avec bonheur et espoir l’écroulement du régime communiste soviétique. Son œuvre sculptée comme sa peinture s’inscrivent dans ce contexte particulier. Comme l’explique le galeriste Patrice Trigano, l’artiste s’applique à construire « l’archéologie d’une époque fraîchement révolue. Les statues sont descendues de leur piédestal, ce sont maintenant les gens du quotidien qui peuvent y monter ». Le visiteur découvre donc des personnages sur des socles à l’équilibre parfois fragile, des hommes de la rue ou des couples d’amoureux. Tous ont le regard absent, le visage d’une facture lisse, qui contraste avec les cassures marquant parfois leur corps.
L’artiste puise son inspiration dans l’histoire du communisme, mais aussi dans celle du judaïsme. Bien que non-pratiquant, il recherche dans la culture juive « les grands secrets de la vie ». De nombreux signes cabalistiques parsèment des peintures à l’iconographie complexe, dont quelques exemples sont réunis dans l’exposition.
Mises en valeur par un travail particulièrement soigné sur la lumière, les œuvres proposées, notamment ses sculptures fantomatiques, devraient permettre au public français d’apprécier à sa juste valeur cet artiste qui se définit lui-même comme « un conceptuel romantique ».
« Grisha Bruskin », galerie Patrice Trigano, 4, bis rue des Beaux-Arts, Paris VIe, tél. 01 46 34 15 01, 22 février-22 avril 2006.
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Grisha Bruskin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°579 du 1 avril 2006, avec le titre suivant : Grisha Bruskin