C’est une immense exposition. Par sa taille, d’abord : les quelque vingt salles mobilisées demandent une endurance face à tant de chefs-d’œuvre.
Par son intelligence, ensuite : le parcours, résolu à ne rien négliger des origines de l’Albertina, affronte la complexité et ne répudie pas la fluidité. Éblouissant. Si l’exposition constitue une déroutante histoire du goût, d’un goût infaillible, celui du duc Albert de Saxe-Teschen (1738-1822) et de son épouse l’archiduchesse Marie Christine (1742-1798), elle donne également à voir la richesse de cette Autriche superlative. Uni par un mariage que l’on disait d’amour, émancipé des codes et des conventions, fasciné par ces Lumières qui guillotinèrent pourtant une enfant de la famille, le couple fit de l’art une obsession et de leur collection un refuge. Le monde avait beau être ébranlé, restaient ces remparts éternels, ces 200 000 estampes et 14 000 dessins qui font de l’Albertina la plus prestigieuse collection d’arts graphiques au monde. Splendide, la scénographie réserve aux pièces documentaires des cimaises tapissées dans le style Biedermeier et aux joyaux de l’institution, exceptionnellement affranchis de leurs réserves, des couleurs exquises : bleu de Prusse pour les Italiens, vert émeraude pour les Allemands et rouge carmin pour les Français. À n’en pas douter, le Lièvre (1502) de Dürer, le Gros Poisson (1556) de Brueghel et l’Éléphant de Rembrandt (1637) n’ont jamais été aussi vivants que dans cette exposition qui en exhume la belle histoire et la beauté historique. Chiasme rarissime.
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Goûter l’imparable beauté
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Abonnez-vous dès 1 €Albertina, Albertinaplatz, 1, Vienne (Autriche)
www.albertina.at
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°669 du 1 juin 2014, avec le titre suivant : Goûter l’imparable beauté