On reproche aux artistes contemporains d’avoir fait foin de toute considération idéologique et de n’agir plus que dans leur seul et unique intérêt. Gottfried Honegger qui se plaît à dire à qui veut l’entendre qu’il est encore et toujours marxiste n’est pas de ceux-là. Fidèle à ses engagements du premier jour et au choix qu’il a fait d’un art concret, rigoureux et géométrique, tel qu’il a été énoncé dès 1930, il n’a jamais cessé de proclamer sa volonté de faire mouvement. En 1995, il lui est même apparu évident d’en actualiser les grandes lignes et il en a formulé une version manifeste contemporaine. Concepteur et programmateur de l’Espace de l’Art concret à Mouans-Sartoux (voir p. 35), haut lieu d’une approche visant à mobiliser conscience, créativité et engagement social, Gottfried Honegger – qui n’aime guère parler de l’art comme d’une aventure personnelle mais qui sait si bien « parler aux enfants » (Harry Bellet) – est aujourd’hui l’invité de la Fondation Cartier avec Radi Designers. Si l’exposition met en lumière ce qu’il en est de « l’effet sud » qu’a imprimé à son œuvre la récente installation de l’artiste à Cannes, elle n’en présente pas moins un parcours rétrospectif qui fait voir le rôle déterminant qu’y a joué la couleur depuis le début. Peintures et sculptures y font la louange permanente de la couleur et, dans cette façon qu’il a de les faire dialoguer avec l’espace, Honegger s’y trouve à l’égal d’un Matisse découpant à vif dedans. Ce que révèle surtout cette exposition, c’est la richesse et la générosité d’une démarche qui n’a jamais dévié de sa route et qui fait de l’art une morale, une discipline et pour tout dire une manière d’être.
Fondation Cartier pour l’Art contemporain, jusqu’au 30 mai, cat. éd. Actes Sud, 100 p., 130 F.
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Gottfried Honegger, de la couleur avant toute chose
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°506 du 1 mai 1999, avec le titre suivant : Gottfried Honegger, de la couleur avant toute chose