Georges Mathieu, le geste véhément

Partant de Limbes, passant par Genèse pour aller jusqu’à Incarnation, elles montrent comment Georges Mathieu (1921-2012), rejetant la figuration, a peu à peu trouvé sa voie et évolué vers ce style calligraphié aisément reconnaissable qui a fait, malgré ses répétitions, sa notoriété. Frappé par le travail de Wols, « qui a tout pulvérisé », Mathieu entend poser dès le début un geste créateur libre, spontané, coupé de toute référence et nourri de véhémence. Les premières toiles comme Rhodésie sont empâtées, sombres, privilégiant les courbes. Phosphène, datée de 1948, marque une étape décisive et annonce les toiles suivantes où les contrastes de couleurs s’accentuent et les traits mutent vers les arabesques. Désormais, le langage plastique se focalise sur les taches et les signes. Mathieu se lance en 1954 dans les grands formats sur lesquels il projette ses pulsions « au sortir du tube ». Combat accéléré et acéré entre le rouge, le blanc et le noir, sa vaste Bataille de Tibériade de 1958 clôt le parcours. Autour des dix-sept œuvres de Mathieu dont dix jamais montrées, ont été prêtées exceptionnellement, par Madame Mathieu, quelques tableaux d’Olivier Debré, Atlan, Zao Wou-Ki, Riopelle et Simon Hantaï permettant de saisir l’ampleur initiale et la diversité de ce mouvement appelé Abstraction lyrique, qui dura une petite trentaine d’années, auquel Mathieu est resté toujours attaché.