Au départ, quand on entre dans l’exposition thématique, on est tout d’abord surpris, elle est toute petite ! Contrairement à certains de ses confrères (Creten, Mocquet, Pétrovitch…) qui aiment investir une grande partie du Musée de la chasse et de la nature en disséminant leurs œuvres dans la collection permanente, Gérard Garouste choisit d’exposer ses dessins, études préparatoires et toiles peintes dans un espace restreint, au rez-de-chaussée.
D’ailleurs, c’est gênant ; le visiteur manque de recul pour apprécier ses peintures théâtrales, mais il y a peut-être une explication à cela : « Je n’aime ni la chasse ni les chasseurs. Par contre, j’aime les femmes et les chiens », explique Garouste.
Construite autour de son tableau commandé il y a cinq ans par le musée, Diane et Actéon, dans lequel le chasseur Actéon prend les traits du peintre et la déesse Diane ceux de son épouse, Élisabeth, l’exposition revisite librement ce mythe, dont le sujet est tiré des Métamorphoses d’Ovide : Actéon, chasseur insatiable, surprend dans un bois la déesse Diane se baignant nue.
Celle-ci, parce qu’il a osé porter son regard de mortel sur une divinité, se venge en le transformant en cerf ; Actéon finira dévoré par ses chiens, qui ne le reconnaissent pas. Chez Garouste, au sein d’études charmantes et de tableaux somptueux multipliant les corps entrelacés et les volutes baroques, la légende est interprétée avec espièglerie : Diane se moque ouvertement d’Actéon, celui-ci, en bon pervers, sodomise un de ses chiens pour finir émasculé par ces derniers ! Cet art forestier foisonnant, déployé dans ce qui s’apparente tout compte fait à un cabinet de curiosités, confirme combien, s’il en était encore besoin, Gérard Garouste est un fabuleux fabuliste.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°713 du 1 juin 2018, avec le titre suivant : Garouste sachant chasser la chasse