Garder le moral

L’information a un arrière-goût de mauvais téléfilm policier. Pour le FRAC Corse tout a basculé le mardi 6 novembre 2001. Malheureusement, cela n’a rien d’une fiction, un incendie a bel et bien ravagé les collections du FRAC dirigé depuis quelques années par Anne Alessandri. Tous les efforts d’ouverture sur la « spécificité corse », le dialogue entamé avec le public et les autres institutions culturelles de l’île, tout cela est parti en fumée avec, malheureusement, le cœur de la collection. Abattue bien sûr, l’équipe ne s’est pas laissé démonter et a su compter sur la solidarité de vingt-cinq des artistes du fonds qui se sont proposés de reproduire leurs œuvres détruites par les flammes. Philippe Cazal reprend une pièce lumineuse de 1986 dont les néons écrivent le mot « Merveilleuse », Giovanni Anselmo réitère une de ses créations de 1967 et Daniel Buren reprend sa Cabane n° 12. Richard Long n’a pas hésité à reconstruire (Pie maker’s wood line, initialement de 1997), ainsi qu’Ann Veronica Janssens, Dominique Gonzalez-Foerster et Ange Leccia. L’exercice est pourtant loin d’être évident. Il faut une certaine dose de distance, de courage parfois, pour se pencher sur un passé artistique, tantôt éloigné, tantôt renié. Que faire devant une œuvre dite « de jeunesse » que l’artiste considère parfois plus importante sur le plan nostalgique et personnel, que sur celui de l’histoire de l’art. Il faut donc saluer ces initiatives tant elles ne se limitent pas à la simple relecture, mais explorent les voies et les raisons de la répétition, de l’oubli, de la mémoire et de la sélection. Reste à espérer que ces actes généreux feront des émules afin qu’au terme de cet anniversaire prolongé on voie se bousculer d’autres généreuses propositions venant grossir les rangs de ces quelques téméraires, conscients de l’importance du FRAC dans ce contexte insulaire.