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Gao Brothers, allégories de la chine post-maoïste

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 30 mai 2008 - 353 mots

Efforts conjoints. Les frères Gao ne sont pas trop de deux pour observer les transformations qui agitent leur pays depuis les réformes économiques engagées par le pouvoir chinois.

Zhen et Qiang, 52 et 46 ans, originaires du nord du pays, actifs et activistes depuis vingt ans et maintes fois censurés par le pouvoir pour les petits événements entre amis qu’ils organisent et photographient.
Qu’on se souvienne en 2000 du bal d’étreintes inaugurant la série de mises en scène publiques qui les consacra sur la scène internationale. The Utopia of Huggin for twenty minutes rassemblait une foule anonyme de travailleurs nus pour une étreinte prolongée, fraternelle et maladroite.
Déplacements, déracinement, programmes de démolition et reconstruction de brutales structures urbaines, les scénographies se précisent et se spectacularisent un peu plus tard avec The forever unifinished building, autre protocole décliné à plusieurs reprises. Cette fois, l’attroupement – et toujours le tabou du nu – est installé sur le chantier d’un immeuble et allégorise des scènes de la vie quotidienne assemblées et montées par manipulation numériques. Qu’on se souvienne encore de ces photographies un brin pubardes de corps masculins tenant de longues bougies blanches, isolés, encastrés, enlacés ou recroquevillés dans un meuble penderie et montrées lors des Rencontre d’Arles 2007.
Ces dernières années les scènes se font plus burlesques et sarcastiques. Un ton que les deux frères aiguisent même dans le registre de la sculpture. En témoigne la série des Miss Mao qu’expose la galerie Vallois, petits bustes de résines lustrés et laqués combinant Mao avec couronne ronde de cheveux et large front, jeune fille – la miss a les seins nus – et Pinnochio au nez en forme de bouchon prêt à s’allonger. Ou la rencontre démonstrative de Walt Disney et du Grand Timonier.
Bleu, blanc, rouge satinés, épaules rondes et sourire candide, les sculptures jouent une partition paradoxale remâchée dans ces géographies post-communistes, celle du détournement et de l’hybridation de signes essorés en une figure, qui renverrait dos à dos deux systèmes politico-économiques aliénants.

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« Miss Mao », Galerie Vallois, 35, rue de Seine, Paris, VIe, du 5 juin au 31 juillet 2008, www.vallois.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°603 du 1 juin 2008, avec le titre suivant : Gao Brothers, allégories de la chine post-maoïste

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