La Maison européenne de la photographie célèbre le travail singulier de l’artiste chinois qui, depuis 30 ans, pousse ses photographies aux limites de la peinture et de l’installation.
PARIS - Depuis sa découverte par Christian Caujolle à la fin des années 1980, Gao Bo (né en 1964) fait l’objet de fidèles soutiens en France. Pour son retour sur la scène photographique, Jean-Luc Monterosso de la Maison européenne de la photographie (MEP) lui consacre une exposition et Alain Fleischer un film de 97 minutes intitulé Dans le noir de l’Histoire, tandis que pas moins de trois ouvrages lui sont consacrés.
« Les offrandes » de Gao Bo à la MEP s’apparente à une reformulation par l’artiste de son travail, comme s’il voulait toucher la forme la plus juste. On retrouvera la série « Tibet » réalisée entre 1985 et 1995 ou « Dualités » (série de portraits de condamnés à mort), déjà vues en 2003 à la Galerie Vu à Paris ou aux Rencontres d’Arles reprises ici dans une succession de vastes installations, où s’exprime sa sensibilité de peintre, de dessinateur, de graphiste, de reporter, d’architecte, de performeur et de scénographe ; costume qu’il endossa tour à tour ces vingt dernières années.
La photographie réinventée
De la série « Dualité » présentée à Arles, il ne reste ainsi plus que les cadres calcinés, tandis que nombre de ces mêmes portraits voient leurs visages brouillés s’effacer par des vastes traits de peinture, des phrases ou encore des néons rouges s’incruster entre eux. La série « Offrandes au peuple du Tibet » (2009), elle-même, fait l’objet d’un nouveau tirage unique de ses 146 photographies, que Gao Bo a recouvert de son propre sang et de mots d’une langue inventée par lui avec l’aide de moines bouddhistes Tibétains.
La disparition, la mort ou l’effacement sont autant à l’œuvre dans le travail de Gao Bo que la trace, la blessure, la mémoire ou l’incompréhension. Il les confronte en permanence sur fond de la grande histoire de son pays, mais aussi de son histoire personnelle : le suicide de sa mère et les exécutions publiques auxquelles il a assisté enfant en Chine. Dans cette série d’offrandes offertes à ce passé, la lecture est cependant gênée dans l’emphase du geste et par cette dualité parfois trop appuyée entre la vie et la mort, la présence et l’absence, le vrai et le faux sans cesse confrontés, excepté pour la série revisitée du Tibet. On se met alors à regretter le Gao Bo simple photographe.
Commissaires : François Tamisier, Na Risong et Jean-Luc Monterosso
Nombre d’œuvres : 60
Gao Bo, Portrait dualité, 1995, de la série « Tibet », tirages gélatino-bromure d’argent émulsionné sur papier PH neutre et sur tissu, collection Musée d’art contemporain de Fukuoka. © BoSTUDIO/Photo : Ma Xiaochun.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Gao Bo et son passé
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 9 avril 2017, Maison européenne de la photographie, 5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris, tél. 01 44 78 75 00, www.mep-fr.org, mercredi-dimanche 11h-20, entrée 8 €. Catalogue Gao Bo Vol. 1-4, Édition Artron, Contrasto et Maison Européenne de la Photo, 59 €.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°474 du 3 mars 2017, avec le titre suivant : Gao Bo et son passé