Pour qui s’intéresse un peu aux origines de notre médecine, un nom s’impose sans hésitation, celui d’Hippocrate de Cos (460-377 av.
J.-C.), considéré comme le « père de la médecine », actif durant le grand siècle de Périclès. L’autre nom, tout aussi important, est celui de Galien. Pourtant, ce brillant médecin grec actif six siècles plus tard dans l’Empire romain à son apogée demeure peu connu. Le Musée de Mariemont a donc relevé le défi de le sortir de l’ombre dans laquelle l’histoire l’a plongé. Le musée propose une exposition pointue, la première en l’occurrence sur ce personnage, qui réussit le pari de mettre en images la vie et la carrière de ce « prince de la médecine ». Pour l’occasion, plus de vingt-cinq institutions ont été sollicitées pour des prêts d’œuvres majeures, alliant des fragments de papyrus et des manuscrits rares à divers objets archéologiques (des instruments de médecin, des bustes d’empereurs, des stèles funéraires, des ex-voto anatomiques…). Un parti pris tout d’abord chronologique nous conduit de la jeunesse de Galien à Pergame jusqu’à sa brillante carrière à Rome auprès de Marc Aurèle et de Commode ou des armées, en passant par ses années de formation à Smyrne et à Alexandrie et par ses interventions à Pergame sur les blessures des gladiateurs. La suite du parcours, tout aussi convaincante, se prolonge par une approche plus thématique qui permet d’aborder divers pans des activités et découvertes de Galien, et notamment son art de fabriquer les médicaments. Au final, si le cœur de l’exposition est bien la vie et la carrière de Galien, c’est aussi l’occasion de découvrir sous un autre angle l’histoire de l’Empire romain, à travers ses croyances et ses pratiques préventives et curatives liées à la santé.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°714 du 1 juillet 2018, avec le titre suivant : Galien, médecin de l’Empire romain, ressuscité