Watteau, peintre des fêtes galantes : c’est à ce titre, essentiellement, que le maître de Valenciennes est entré dans la postérité. Mais qu’est-ce au juste qu’une « fête galante », et quelle est la contribution exacte de Watteau à ce qui, après lui, devint un véritable genre, en vogue dans toute l’Europe ? C’est à ces questions que s’efforce de répondre l’exposition. Celle-ci réunit une vingtaine de peintures et dessins du maître. Et elle présente d’autres œuvres, antérieures, contemporaines et postérieures à lui, de façon à montrer les origines, la fixation et la fortune du thème. Les antécédents « festifs » sont nombreux, surtout dans la peinture flamande dont Watteau est l’héritier direct : sa ville natale, Valenciennes, fut flamande jusqu’en 1678.
Le thème de la fête populaire, avec ses allusions sexuelles, y était récurrent. Et Rubens avait donné, avec son Jardin d’amour, l’image noble et contenue de conversations amoureuses se déroulant dans
un parc. L’autre grande source d’inspiration, c’est Venise.
Les peintres vénitiens de la Renaissance avaient créé d’inoubliables pastorales associant le thème amoureux à la nature et à la musique. On sait, depuis l’ouvrage de Thomas Crow (La peinture et son public à Paris au XVIIIe siècle), que certains cercles aristocratiques avaient intégré les divertissements les plus « crus » de la foire aux fêtes données dans leurs domaines. Les œuvres de Watteau évoquent cette société élégante et oisive dans des réunions, des sérénades, des danses, des jeux et des promenades pimentés d’allusions à la gaieté populaire (costumes de théâtre) ; elles dévoilent l’obsession érotique sous le raffinement des mœurs. Elles ne décrivent pas des actions précises, mais font miroiter les couleurs subtiles et changeantes du sentiment amoureux. Situations ambiguës, silhouettes vives, gestes fuyants, ombres mystérieuses et ciels diaprés, avec la légèreté d’un pinceau exquis, confèrent à ces scènes la teneur du rêve et de l’illusion, une qualité poétique que les suiveurs de Watteau ne sauront retrouver. L’exposition noie un peu le poisson – le vif-argent de Watteau – dans l’eau pas toujours limpide de productions très inégales, qui documentent copieusement le thème, sans autres réjouissances.
« Watteau et la fête galante », VALENCIENNES (59), musée des Beaux-Arts, bd Watteau, tél. 03 27 22 57 20, jusqu’au 14 juin.
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Galants pinceaux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°558 du 1 mai 2004, avec le titre suivant : Galants pinceaux