Grande première pour un artiste sud-américain, cette rétrospective des œuvres de Frida Kahlo à la Tate Modern. Personnalité tumultueuse à la vie dramatique, Frida Kahlo mêle, dans son art, son vécu et la culture mexicaine.
Redécouverte dans les années 1980, l’œuvre de la peintre mexicaine Frida Kahlo (1904-1954) s’est imposée avec le temps comme l’une des plus importantes du continent latino-américain. À preuve, l’exposition personnelle que lui consacre la Tate Modern, la première dans le genre d’un artiste de cette partie du monde, et qui rassemble une soixantaine de peintures de l’artiste, c’est-à-dire une petite moitié de la totalité de sa production, et une vingtaine de travaux sur papier. Pour l’essentiel autobiographique, l’œuvre de Frida Kahlo est à l’image de la vie tumultueuse, voire dramatique, qu’elle a menée, comme cela a été justement porté à l’écran par Julie Taymor en 2002. De l’aveu même du peintre, deux événements ont réglé son existence : le premier est l’accident qu’elle a à l’âge de dix-huit ans, quand un tramway percute le bus dans lequel elle est installée et le coince au coin d’une rue. Frida Kahlo est obligée de rester alitée pendant neuf mois. On lui installe un miroir au baldaquin de son lit, et son père lui offre une boîte de couleurs. C’est durant cette longue convalescence qu’elle se met à la peinture. Le second événement marquant est sa rencontre avec le célèbre et excentrique fresquiste Diego Rivera, auquel elle montre son travail, qui tombe fou amoureux d’elle. Finalement il l’épouse mais elle le quitte parce qu’il la trompe avec sa sœur. Affichant une bisexualité qui fait scandale, Frida est tenue à l’écart du monde de l’art d’autant que l’étrangeté de ses portraits, de ses autoportraits et de ses natures mortes érotiques sont perçus comme l’illustration d’un mental complexe et fantasmatique, à la limite de la folie. Pourtant chacune de ses peintures témoigne de sa sensibilité à la culture mexicaine populaire comme d’un fort engagement politique (elle hébergea et eut une relation avec Trotsky en exil au Mexique), de l’usage savant de signes symboliques comme d’une analyse psychologique aiguë, enfin d’une maîtrise accomplie de la composition comme de la couleur. « L’art de Frida est collectif-individuel. Un réalisme tellement monumental qu’à l’intérieur de son espace tout a n dimensions : ce qui veut dire qu’elle peint en même temps l’extérieur, l’intérieur et le fond d’elle-même et du monde » disait magnifiquement Diego Rivera à son propos.
« Frida Kahlo », LONDRES, Tate Modern, Bankside, tél. 00 44 20 7887 8008, 9 juin- 9 octobre.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Frida Kahlo, la peinture introspective
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°571 du 1 juillet 2005, avec le titre suivant : Frida Kahlo, la peinture introspective