La meilleure rétrospective des dessins de l’artiste français de tous les temps, en puisant seulement dans les collections new-yorkaises !
NEW YORK - Le Metropolitan Museum of Art présente une exposition spectaculaire de Jean-Honoré Fragonard (1732-1806). En sélectionnant exclusivement des feuilles dans un état de conservation exceptionnel, la commissaire, Perrin Stein, a réussi un coup de maître. Trop souvent les œuvres de Fragonard ont souffert ; c’est le cas par exemple du fonds de Besançon à l’importance historique remarquable mais dont les œuvres, longtemps exposées à la lumière et fragilisées par des montages acides, sont très défraîchies et ne permettent pas d’apprécier toutes les qualités de l’artiste.
Certes en 1978-1979, Eunice Williams, alors conservatrice du Fogg Art Museum (Harvard, Cambridge), avait présenté « Drawings by Fragonard in North American Collections » à la National Gallery of Art, au Fogg et à la Frick Collection, qui réunissait les trésors des musées de Chicago, New York, Boston et Washington ou encore des collections privée. Mais en près de quarante ans, les fonds new-yorkais se sont beaucoup enrichis et non des moindres feuilles. Le Metropolitan a justement acquis plusieurs œuvres importantes de l’artiste : les deux grandes figures de pêcheurs de la collection Hottinguer, Renaud dans la forêt enchantée, ou encore l’original du Sultan – le musée ne possédait jusqu’alors que le « faux Ananoff ». De fait, l’exposition actuelle célèbre, comme Perrin Stein et Mary Tavener Holmes l’avaient déjà fait en 1999 avec « Eighteenth-Century French Drawings in New York Collections », la manière dont le dessin français est chéri dans la métropole américaine. D’ailleurs, comme la commissaire le fait remarquer, « l’exposition est à l’image du goût new-yorkais, l’intérêt pour les paysages est beaucoup plus accentué qu’à Paris par exemple où les scènes de genre amoureuses et familiales de l’artiste sont préférées. »
Une conservatrice qui est l’un des meilleurs « œils »
Il s’agit en réalité bien plus que d’une réunion de très belles feuilles. Après des années de recherches, la conservatrice est parvenue à résoudre plusieurs énigmes, relatives aux différentes versions du Petit parc – toutes conservées à New York – ; aux problématiques autour des faux Fragonard par le propre auteur du catalogue raisonné des dessins de l’artiste, Alexandre Ananoff ; ou encore au processus de collaboration entre Fragonard et son élève Marguerite Gérard lors de la réalisation de l’ensemble des gravures de 1778 telle la célèbre Au génie de Franklin.
Perrin Stein, qui a reçu une double formation, universitaire et artistique, est l’une des seules conservatrices à avoir longtemps pratiqué la gravure, ce qui lui permet d’être un des meilleurs « œils » dans ce domaine. Elle accorde une attention particulière au processus de travail de Fragonard et le public découvre ici à travers un parcours chronologique toutes les facettes de son rapport si intime au dessin : des études, des croquis préparatoires, mais aussi des œuvres achevées à la sanguine ou au lavis réalisées après l’exécution de compositions peintes, des images cocasses crayonnées sur le vif, des feuilles destinées à la gravure…
Alors qu’il s’était détourné d’une carrière académique toute tracée, Fragonard profita pleinement d’une période faste pour le dessin dont la réception, auprès des collectionneurs et de ses amis amateurs, fut unique dans l’histoire du goût à Paris et qu’il incarne mieux que personne.
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Fragonard triomphant
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 8 janvier 2017, The Metropolitan Museum of Art, www.metmuseum.org/
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°469 du 9 décembre 2016, avec le titre suivant : Fragonard triomphant