Focale russe

Une centaine d’images décrivent la ville russe et ses habitants, quand la cité était encore la capitale de l’empire. Seirgeï Levitsky, Carlo Bergamasco ou Elena Mrozovskaya ont réalisé des portraits admirables de la famille tzarine, comme du petit peuple russe. D’autres, comme Ivan Alexandrovsky suivi d’Albert Felisch ou Karl Bulla, le plus original, ont délaissé l’atelier pour capturer le souffle de l’agitation urbaine.
Né à Lübeck en 1853, Karl Bulla se révèle l’un des photographes les plus audacieux de sa génération. Les progrès du matériel photographique, notamment la réduction du temps de pose, lui permettent de saisir, sur le vif, des motifs absents jusque-là du répertoire de ses contemporains. Scènes de rue, ballets de voitures à cheval ou fêtes populaires remplacent progressivement les vues statiques de monuments ou les séances de pose en atelier. Ces images d’un nouveau style marquent l’avènement du photo-reportage en Russie. Au tournant du XIXe siècle, les nouvelles techniques d’imprimerie permettent aux journaux russes de faire un usage croissant de la photographie. Les commandes abondent si bien qu’en 1895 Karl Bulla ferme sa fabrique de pellicules pour se consacrer exclusivement à la photographie. Il ouvrira trois studios à Saint-Pétersbourg dont il confie la gestion en 1916 à ses deux fils, Alexandre et Victor. Cet héritage est au cœur de la neuvième exposition du Hermitage Amsterdam, qui met Saint-Pétersbourg à deux heures de Paris.