Le Musée du Petit Palais et l’Institut néerlandais, à Paris, dévoilent leurs plus belles œuvres, souvent inédites ou rarement montrées, du XVIIe siècle hollandais.
PARIS - La fermeture du Musée du Petit Palais pour travaux de rénovation est une source de privation pour les amateurs de ses collections. Ceux-ci trouveront dans la visite de l’exposition « Regards sur l’art hollandais du XVIIe siècle », une consolation appréciable. Organisée conjointement par le Petit Palais (Musée des beaux-arts de la Ville de Paris) et l’Institut néerlandais (Fondation Custodia), elle réunit dans les locaux de ce dernier 140 œuvres hollandaises de leurs donateurs respectifs, Frits Lugt (1884-1970) et les frères Dutuit, Eugène (1807-1886) et Auguste (1812-1902).
Originaire d’Amsterdam, Frits Lugt fut un amateur d’art aussi précoce qu’éclairé, visiteur assidu du département des Arts graphiques du Rijksmuseum dès l’âge de 12 ans et biographe de Rembrandt, son artiste de prédilection, à 14. Homme à tout faire dans une maison de ventes aux enchères à 16 ans, il s’installe en 1915 comme conseiller de quelques collectionneurs avant d’entreprendre deux ans plus tard sa propre collection. Comprenant quelque 90 000 œuvres (dont une majorité de dessins et gravures du siècle d’or hollandais) à la fin de sa vie, celle-ci constitue depuis 1970 le fonds de la Fondation Custodia. Amateurs rouennais, les frères Dutuit furent également des collectionneurs compulsifs (20 000 œuvres), mais tous genres et époques confondus. L’art néerlandais, et en particulier les estampes, occupe néanmoins une place de choix dans leurs acquisitions. Centré sur le XVIIe siècle hollandais, le parcours en fait la démonstration, même s’il ne cherche à privilégier aucun des donateurs. Les œuvres sont en effet présentées par technique (une salle pour les dessins, une autre pour les gravures et deux pour les peintures) et par affinités stylistiques. Judicieusement sélectionnées, elles témoignent du goût avisé et des penchants de ces autodidactes, qui partageaient une même passion pour le genre populaire, les séries animalières gravées ou les paysages.
À l’exception (majeure) de Frans Hals et de Vermeer, presque tous les grands maîtres sont représentés. De Rembrandt sont montrées des gravures de premier choix (souvent des épreuves du premier état), planches grandioses et personnelles comme les Trois Croix, paysages rendus avec précision ou compositions monumentales et élaborées telles que La Pièce aux cent florins. Dans la salle des dessins, il faut s’attarder devant les patineurs croqués à l’aquarelle par Hendrick Avercamp (vers 1620-1630), les joyeux buveurs attablés sous une treille (1676) d’Adriaen van Ostade, un des artistes de prédilection des frères Dutuit, les paysages italianisants de Nicolaes Berchem ou encore le croquis à la pierre noire et au lavis de Jan van Goyen qui, en quelques coups de crayon, parvient à rendre l’animation et l’atmosphère régnant sur le Merwede, une rivière près de Dordrecht (1649). Du même artiste, on peut admirer un tableau lui aussi tout en célérité, L’Auberge au bord de la rivière (1646). Un paysage virtuose à l’image de beaucoup d’autres dans l’exposition : Vaisseaux sur un cours d’eau (vers 1665-1667), une marine crépusculaire de Ludolf Backhuysen, Paysage fluvial (vers 1655), une composition lumineuse d’Aelbert Cuyp, Paysage hivernal (vers 1670-1675), une des rares scènes d’hiver de Jacob van Ruisdael… Les peintures de genre sont plus décevantes, mis à part La Balayeuse (vers 1670) de Pieter Janssens Elinga, longtemps attribuée à Peter de Hooch, ou l’énigmatique Femme au chevalet (vers 1650 ?), encore en quête d’auteur.
Jusqu’au 16 mai, Institut néerlandais, 121, rue de Lille, 75007 Paris, tél. 01 53 59 12 40, tlj sauf lundi 13h-19h, www.institutneerlandais.com. Catalogue, coédition Adam Biro-Fondation Custodia, 400 pages, 55 euros.
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Fleurons du siècle d’or hollandais
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°191 du 16 avril 2004, avec le titre suivant : Fleurons du siècle d’or hollandais