Réconciliation - S’il existait un terme adéquat pour définir l’exposition à la Fondation Clément, ce serait « hétéroclite » – le catalogue préfère une expression plus poétique : « Parcours panoramique ».
Mais peut-il en être autrement pour une manifestation qui rassemble une quarantaine de créateurs du Bénin, en majorité jeunes, et présentant des œuvres récentes ? La commissaire, Yassine Lassissi, a organisé le parcours autour de quelques grands concepts, mais leur articulation est trop générale pour être pertinente. Pour autant, le spectateur a droit à de véritables découvertes quand il passe de la peinture à la sculpture, du collage au tissage, de la photographie à la vidéo ou aux installations. En raison de cette variété de médias, il est difficile de dégager un style commun. On remarque toutefois la domination de la figuration, même si Youss Atacora attribue à ses tableaux expressionnistes le titre de Réalisme stupide (2019). Ce sont souvent des personnages historiques qui ont la faveur des artistes, tels Moufouli Bello avec Tassi Hangbé (2020) ou Roméo Mivekannin qui, à partir de photographies d’archives, réalise des toiles de grand format – Le Roi Béhanzin et ses proches au début de l’exil (2021). Quelques sculptures imposantes, essentiellement en bois, trônent au milieu d’une grande salle – Reine mère par Dominique Zinkpé (2020) ou La Souche de l’oubli d’Epaphras Dègnon Toïhen (2021). D’autres œuvres, fidèles à la tradition tout en étant inventives, sont faites à partir de tissus très colorés (Yves Apollinaire Pèdé, Sakpata, 2018, Emo de Medeiros, Surtenture 009, 2015). L’exposition se poursuit dans l’extension récente de la Fondation, où l’on trouve Georges Adéagbo, le doyen ici – né en 1942. Son installation, Le Bénin d’hier et le Bénin d’aujourd’hui (2021), à partir d’objets trouvés, de tissus, mais aussi d’affiches et de journaux – la couverture de Jeune Afrique– est la seule à introduire un discret accent politique, curieusement absent par ailleurs. Un manque rattrapé par la présence, au vernissage, de Patrice Talon, le président Béninois, qui voit dans cette exposition une occasion de réconcilier son peuple et la Martinique, dont l’histoire fut entachée par l’esclavagisme.
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Figures du Bénin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°772 du 1 février 2024, avec le titre suivant : Figures du Bénin