Biot (06)

Fernand Léger, le cubisme et la guerre

Musée Fernand Léger, jusqu’au 2 février 2015

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 17 décembre 2014 - 315 mots

Depuis la toile éclatante 14 Juillet peinte juste avant la guerre jusqu’au Pot à tisane réalisé durant son hospitalisation en 1917, l’exposition du Musée Léger raconte la guerre vue par le soldat-poilu Fernand Léger, mais aussi l’impact qu’elle a eu sur son œuvre dans les années 1920.

Mobilisé en août 1914 dans les troupes du génie, l’artiste découvre la déshumanisation de la guerre industrielle. Durant son temps libre, il dessine sur des supports de fortune cette guerre « grise et camouflée » et rédige des lettres bouleversantes à ses proches, notamment à sa future femme, Jeanne, et à son ami d’enfance, Louis Poughon. Elles révèlent un quotidien inconcevable partagé avec ses compagnons de tranchée, qui suscitent son admiration, une réalité aux antipodes de celle évoquée dans ses croquis et dans ses commentaires esthétiques : « Il y a dans ce Verdun des sujets tout à fait inattendus et bien faits pour réjouir mon âme de cubiste. » Les sites dévastés, les constructions pulvérisées créent un chaos de formes et de perspectives que le vocabulaire cubiste est le plus apte à évoquer. Il est également marqué par les formes mécaniques des armes et des canons qu’il a observés, ce qu’il appelle « la belle machine ». Après-guerre, le retour à la couleur s’amorce à travers un nouveau langage plastique, loin de l’abstraction de sa période cubiste. Léger privilégie l’environnement quotidien du monde du travail, monde dominé par la machine elle-même transposée en élément plastique. L’ambivalence entre l’expérience effroyable pour le soldat mais en même temps fascinante pour l’artiste donne un intérêt tout particulier à cette petite exposition. Elle montre en quoi l’épreuve de la guerre constitue une source d’inspiration pour l’artiste une fois revenu à la vie civile. Un salon d’écoute réalisé avec la contribution de collégiens et de lycéens niçois immerge le visiteur dans les écrits rédigés par le soldat Léger et clôt le parcours.

« Ah que la guerre est cubiste ! Fernand Léger et la Grande Guerre »

Musée national Fernand Léger, chemin du Val-de-Pôme, Biot (06), musees-nationaux-alpesmaritimes.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°675 du 1 janvier 2015, avec le titre suivant : Fernand Léger, le cubisme et la guerre

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